Les autres nous obligent toujours à être comme ils nous voient ou comme ils veulent nous voir. De ce point de vue, la présence ou la compagnie des autres est pernicieuse, elle réduit la liberté dont nous devrions disposer pour constuire une personnalité et une identité adaptée à notre façon de nous voir nous-mêmes. Penser que nous sommes ce que nous croyons être est une des formes du bonheur. Mais les autres sont toujours là pour nous voir autrement et nous empêcher de construire notre bonheur illusoire et, au passage, notre personnalité préférée, personnalité très souvent plus complexe, il est vrai, que celle d'un personnage de fiction.
Enrique Vilas-Mata, Docteur Pasavento, trad. André Gabastou
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