lundi 1 décembre 2014

Pouvoir et vouloir

Ce week-end, deux partis politiques élisaient leur dirigeant suprême. Et comme prévu – par les médias – Marine et Nicolas furent élus. 
Ces deux bons clients des caméras et des micros promettent de grands moments de télévision, radio, réseaux sociaux, à base de petites phrases, formules démagogiques, brassage des sujets qui tracassent les Français (l'immigration, la crise, le chômage, la relance, le pouvoir d'achat…, on connaît la chanson). La télévision comme vision de l'avenir et la grille des programmes comme programme politique. Ce sera à celui qui gueulera le plus fort. Et on aura l'impression qu'il n'y a qu'eux, les "socialistes" semblant définitivement hors-course.
A côté de ce chef de gang et de cette fille de millionnaire, tous deux, on le sait, proches du peuple, les médias, qui ont besoin de chair fraîche, d'événements permanents et d'histoires de famille, se sont attardés ces derniers jours sur la benjamine de la famille Pen, la petite Marion, qui s'appelle quand même Maréchal, plus jeune donc, mais également plus photogénique que sa tante bouffie Marine, dont le vrai prénom est également Marion.
A la une du site du dépressif quotidien des marchés, dit Le Monde, on nous la présente comme la relève de celle qui n'est encore arrivée à rien, malgré ses airs de parvenue. Marion serait même plus à droite que sa tante. La petite Marion qui est devenue en 2012 la plus jeune députée jamais élue (dans le Vaucluse) aurait, nous dit-on au Monde, été échaudée par les révélations l'an dernier sur son père biologique, l'ancien otage journaliste Roger Auque. Mariée à un type travaillant dans l'événementiel, elle n'en a pas moins le trac à chaque apparition publique, bichette.
Voilà pour les faits qui valent pour analyse politique, selon le quotidien du soir. Et je ne sais que penser d'un tel salmigondis de banalités et d'insignifiance. 
Le FN est donc devenu un parti normal. On n'a cessé de nous le répéter. Une machine à gagner des élections à la manière des autres structures, et non plus un épouvantail comme dans les années 1980-2000. La Pen refuse l'étiquette d'extrême droite, rêve de changer le nom de la machine pour mieux la positionner dans le marketing médiatique, soigne son langage, évite les calembours de fin de banquet à la papa, et plus opportuniste que Cristiano Ronaldo devant le but, a pris soin de faire sien un discours anti-libéral, anti-euro, et souverainiste. Et républicain. Et démocrate – sur ce dernier point, le score de son élection ce weekend à la tête du FN, 100% des sufrages, laisse rêveur. Au moins, Sarko a-t-il pris le soin de faire mettre deux hommes de paille dans la balance pour ne pas avoir l'air de. Je me demandais alors si, cette ultradroitisation de la vie politique française – normalisation du FN, droite dure incarnée par Buisson-Guéant-Sarko, ascension jusqu'ici irrésistible de Valls – ne conduisait pas les médias à fabriquer un danger supérieur à la fille de, un nouvel épouvantail anti-démocrate, voire fascisant. Et je me demandais jusqu'à quand nous allions supporter ce cirque et cette guerre à la raison, l'accepter.
En Espagne, pays où la croissance est repartie, mais qui voit 5 millions d'habitants assistés par la Croix-Rouge, soit environ 10% de la population, et 50% de ses jeunes au chômage, des milliers de personnes ont défilé ce samedi dans toutes les grandes villes appelant à un changement radical de politique. Le tout jeune parti Podemos, issu du mouvement des Indignés, est donné favori par les instituts de sondages à la veille des législatives qui doivent se tenir en 2015. 
Podemos signifie nous pouvons. Encore faut-il le vouloir.

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