samedi 27 février 2016

Un chien de l'enfer

Fred G. Korth via Undr

L'usurpateur vous salue bien

Je vous ai bien eus ! (clic)

Un petit homme de dos


Fernell Franco via Pop9

Cette préférence marquée pour les vieux livres et les vieilles histoires, ce goût d'un passé révolu ne sont, je m'en rends compte, qu'une manière de tourner le dos à mon époque, laquelle se vante trop de ses « progrès » pour n'avoir point à cacher quelque barbarie secrète. Son arrogance, que l'on peut simplement trouver naïve, m'a toujours parue à la fois vulgaire et terrifiante. Les « grands hommes » qu'elle a dressés pour notre édification sur les tréteaux de la politique se sont généreusement chargés de justifier mes pires appréhensions à cet égard, et mieux encore s'il se peut. Voilà de quoi m'ont préservé tant bien que mal les livres anciens, alors que je retrouve presque toujours dans les lettres contemporaines les vices de notre époque fiévreuse, brutale, avide d'actualité, de vitesse et de technique. Volontairement privé des moyens de communication qui si fort plaisent à mes semblables, impatients dirait-on d'ingurgiter tous, et si possible aux mêmes heures, la même bouillie d'information, je suis devenu indifférent, voire réfractaire, aux débats d'idées et aux modes qui les rassemblent, et à la Mode tout court, ce monstre qui domine et tyrannise notre aimable société. Ma vie s'en est ressentie, mais aussi ma façon de vivre, de penser, ma conception des arts, de la politique, du sport et de tout le reste. Ayant de bonne heure senti en moi la vocation d'écrire, et placé comme j'étais en marge de mon temps, je me voyais voué de prime abord à l'insuccès. Aussi ai-je préféré écrire pour moi, et pour moi seul.

Marcel Lévy, La Vie et moi

vendredi 26 février 2016

Beau comme du Verlaine





Fait d'hiver

Notre sexy ministre de l'Economie pose devant son bilan

En feuilletant la presse avec le museau de ma souris ce matin, l'esprit encore brouillé par un réveil précoce, je passe sur la polémique suscitée par le maquillage des chiffres du chômage - un classique - et apprends qu'une étudiante de Montpellier vient d'être arrêtée pour harcèlement envers notre bon ministre de l'Economie et des Finances. Finalement, me dis-je, la jeunesse ne dort pas. Tout au moins une partie. L'espoir renaît. On ne se laissera pas faire ! Mes doigts sur le clavier s'emballent et mes yeux sur l'écran pleurent : l'étudiante, une Gabonaise de 29 ans, selon Midi libre, était folle amoureuse du bel Emmanuel et lui spamait sa boîte mail. Le fringant banquier ayant porté plainte, la jeune femme a été placée en garde à vue pour, selon les termes de la maison poulaga, « messages réitérés malveillants en vue de troubler la tranquillité d'autrui ». Selon le quotidien,  les courriels à caractère érotique étaient également accompagnés de photos de l'étudiante , « dans le détail desquelles nous n'entrerons pas. » Emmanuel non plus, a priori. Quelle meilleure publicité pouvait-on imaginer pour cette clique stupide, suffisante et plastronnante ?


jeudi 25 février 2016

Salut François…


Au moment de la sortie de son dernier film, il se disait cassé par le système de production – qu'il connaissait de A à Z –, la bêtise des décideurs, la logique marchande qui s'est emparée de toute création de l'homme… Je ne sais pas si sa maladie était liée à ces difficultés et au triste constat qu'il en tirait. J'ai eu la chance de le rencontrer longuement quelques jours avant les premiers symptômes, le revoir la veille puis après une première opération. Fils de paysans, intarissable, il aimait parler, raconter des anecdotes de tournage, évoquer la politique, mettre en perspective la situation actuelle, notre avenir. Je ne trouve pas de mots assez justes pour évoquer cette tristesse, et veux garder en tête ces moments privilégiés et rares. Et quelques uns de ses films, les plus personnels… Et pense à Dominique et à leurs enfants.

mercredi 24 février 2016

Illusions amoureuses


J’ai traversé toute la ville en Vespa sous des trombes d'eau
pour rejoindre Lise et nous réfugier dans une église
avec Lou regardé un film de Weerasethakul jusqu’au bout
grimpé le volcan avec le sosie de Michèle Morgan et des baskets glissants
J’ai crié le nom d'Eve en vain sous ses fenêtres et la pluie une heure durant
subi les assauts d’Amparo à Bobo-Dioulasso dans tout le Burkina Faso
et jusqu'au Togo
baisé la soeur du mari de la maîtresse du mari de la meilleure amie de ma femme
fumé tous les jours du hachisch pour le sourire d'Aïcha
traîné Hélène en tandem tandis qu'elle me récitait de stupides poèmes
fait la cour en chantant des chansons d'amour à Shaana
et des airs d’opérette à la caisière de la supérette
couché trois fois avec la mère de Marie
claqué tout mon fric pour gagner le lit d'Annick
conduit tous les jours à l'école la fille de Nicole
devant tout le monde dansé le ska pour faire rire Francesca
Je me suis laissé enfermer dans la cave pour les seins de la femme du pharmacien
suis resté coincé toute une nuit dans une gare pour les fesses de Mar
J'étais bête à manger du foin pour la lauréate du prix d’interprétation féminine à Berlin
J'ai cuvé mon vin sur le paillasson d'une fille qui disait s'appeler Alisson
détroussé Alice sur le lit du fils de Bérénice
récupéré au bureau mes fringues découpées en morceaux par les ciseaux d'Akiko
Couru le marathon de New York pour les beaux yeux de Zoé
et fini par épouser sa soeur
J'en oublie certainement je crois les avoir toutes aimées
J'en oublie certainement je sais les avoir toutes loupées
aucune d'elles n'est restée. 

 

Charles Brun, paroles, paroles et paroles

mardi 23 février 2016

Mine de rien


Contre un certain confort



Une bonne partie de l'antifascisme d'aujourd'hui, ou du moins ce qu'on appelle antifascisme, est soit naïf et stupide, soit prétextuel et de mauvaise foi. En effet, elle combat, ou fait semblant de combattre, un phénomène mort et enterré, archéologique, qui ne peut plus faire peur à personne. C'est en quelque sorte un antifascisme de confort et de tout repos. Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé la société de consommation.

Pier Paolo Pasolini, Ecrits corsaires

jeudi 18 février 2016

Pourquoi tu me racontes ça ?


Absolument pas catastrophique

Olivier Roller

La fin du monde est survenue après Montélimar. Le canal de dérivation du Rhône franchi, Chance a vu de la fumée noire sortir brusquement d’une des tours de refroidissement de la centrale nucléaire du Tricastin. Ce n’était pas prévu, il faudrait qu’il s’adapte à la situation. La rame a freiné. Une lueur rouge orangé a couru le long d’un bâtiment abritant un des réacteurs. Dans le wagon de première, les voyageurs étaient partagés entre l’excitation morbide, la stupéfaction et l’affolement.
Dans son oreillette miniature implantée, Chance a entendu le Contrôle qui le prévenait qu'une secousse sismique d'amplitude 6,1 sur l'échelle de Richter avait été enregistrée dans la région quatre minutes auparavant. Epicentre entre Lapalud et Sain-Paul-Trois-Châteaux. Ici, quoi. Le TGV qui roulait à faible allure a tangué fortement. Des valises, des sacs sont tombés. Sûrement une autre secousse. La rame s'est arrêtée. Là-bas, la tour de refroidissement s'est désagrégée lentement, comme au ralenti. Des gens ont hurlé. Deux hélicoptères sont apparus au-dessus de la centrale. Ça
paraissait simple, banal. Absolument pas catastrophique. Les vitres et la distance isolaient du bruit et de la réalité. Pas de la contamination.
Richard Morgiève, Love, Carnets Nord, 2014


Ma vertu préférée la loyauté
Le principal trait de mon caractère les grandes oreilles
La qualité que je préfère chez les hommes la folie
La qualité que je préfère chez les femmes la folie
Mon principal défaut je suis une brute
Ma principale qualité gourmand
Ce que j’apprécie le plus chez mes amis la déconnade
Mon occupation préférée la lessive
Mon rêve de bonheur dîner avec Alice de poisson grillé en buvant du vin blanc sur une nappe à carreaux rouges et blancs au bord de la mer
Quel serait mon plus grand malheur ? je viens de laver le sol, il pleut et on marche dessus
À part moi-même qui voudrais-je être ? un chien
Où aimerais-je vivre ? dans le ranch de mon ami Flicka
La couleur que je préfère kaki
La fleur que j’aime la fleur de peau
L’oiseau que je préfère celui qui va sortir
Mes auteurs favoris en prose Jean Douassot, Céline, Malaparte, Albert Simonin
Mes poètes préférés Michaux, Rigaud
Mes héros dans la fiction Eddy Vitefait, Gu
Mes héroïnes favorites dans la fiction Christine Angot
Mes compositeurs préférés Sébastien Tellier et Bobby Lapointe
Mes peintres préférés Dubuffet, Matisse, Bonnard, Leonard de Vinci
Mes héros dans la vie réelle Jean Sarkozy
Mes héroïnes préférées dans la vie réelle Christine Boutin (je trouve qu’ils vont bien ensemble)
Mes héros dans l’histoire Monsieur Propre
Ma nourriture et boisson préférées le steak-frites Chateauneuf-du-Pape
Ce que je déteste par-dessus tout la citoyenneté
Le personnage historique que je n’aime pas Babar
Les faits historiques que je méprise le plus la prohibition du tabac
Le fait militaire que j’estime le plus avoir triplé ma cinquième
La réforme que j’estime le plus la réforme agraire
Le don de la nature que je voudrais avoir pondre un œuf
Comment j’aimerais mourir vite et bien
L’état présent de mon esprit absent
La faute qui m’inspire le plus d’indulgence rater un livre
Ma devise ne mens pas
Richard Morgiève soumis au fameux questionnaire...

La chansonnette

Je vais m'enfermer, m'installer sur la couchette et pousser la chansonnette, en attendant l'arrivée des Barbares.  
Contrairement à Dino, je ne porte pas d'étoile, ne serai pas armé et n'ai pas cessé de boire. 


lundi 15 février 2016

Une délicieuse fraîcheur

Darren Moore


– Vois-tu, Sylvie…
Il avait envie de parler, de parler de lui, comme toujours. Il ne savait pas par quel bout commencer. Il avait des timidités, des pudeurs, comme tout à l'heure, quand il était entré dans la salle à manger et qu'un sourire à peine dessiné avait suffi à le faire rougir. Il aurait pu dire : « Je ne suis pas si mauvais que ça… » Mais ce n'était pas exactement sa pensée. Ils étaient tout baignés de soleil, et leur peau avait une bonne odeur d'été. Quand on passait de la lumière dans l'ombre, on sentait à la nuque une délicieuse fraîcheur.
Georges Simenon, Au bout du rouleau, 1947

jeudi 11 février 2016

Tout effacer

Carole Bellaïche

 

Après notre premier baiser
sur un trottoir
volé à quelques pas de chez elle
elle est rentrée au pas de course
a salué sa fille
peut-être pas son mari s'est enfermée
dans la salle de bains
n'a pas voulu prendre une douche
s'est simplement lavé la bouche
espérant pouvoir tout effacer

 

Charles Brun, nos illusions nécessaires

 


mardi 9 février 2016

Too late blues

Andre de Dienes via Pop9


- Arrête de me regarder !
- J'adore ça.
- Moi, pas !
- T'aimes pas me regarder ?
- Je n'aime pas quand tu me regardes ! En plus, ça me déconcentre et je ne peux plus lire.
- Je te trouve magnifique, c'est tout.
- N'importe quoi, je suis toute moche !
- Pas du tout !
- J'ai le visage plein d'huile !
- Et alors ?
- Avec des lunettes !
- Elles cachent tes poches sous les yeux...
- Tu es horrible !
- Toi aussi. En fait, je te regardais en me demandant pourquoi j'avais choisi de vivre avec une femme aussi affreuse.
- Personne ne t'y oblige.
- C'est vrai ?
- Nous ne sommes pas mariés.
- Tu as raison.
- Quand les problèmes d'humidité seront réglés, on met la maison en vente et chacun va vivre de son côté.
- Bonne idée. Je te vois bien avec ta fille, le chien et le chat, dans un studio.
- Tu t'en ficheras. Tu auras refait ta vie dans le sud, ou en Espagne.
- Ah oui, c'est vrai. Jusqu'à quel âge peut-on refaire sa vie ?
- Essaie, tu verras bien. Je peux reprendre ma lecture ?
- Tous les jours, je mesure ma chance.
- De quoi tu parles ?
- De vivre avec toi.
- Tu parles...
- C'est vrai.
- Un jour, tu tomberas sur une fille, plus jeune, avec plus de seins, sans lunettes et sans poches sous les yeux, qui se couche sans se couvrir le visage d'huile...
- Possible. J'en ai connu quelques unes qui correspondent à ce tableau.
- Tu vois ? Ça peut donc arriver de nouveau. On n'y peut rien, c'est comme ça.
- La vie ?
- Les hommes !
- Et les femmes, c'est comment ?
- Elles restent seules, après un certain âge.
- C'est scientifique ?
- Non, tragique !
- Tiens, je n'avais pas pensé à ça...
- A quoi ?
- Au fait que tu étais la femme la plus âgée avec laquelle j'avais couché.
- Tu es monstrueux !
- Non, c'est un fait.
-
C'est parce que tu as toujours été avec des filles plus jeunes que toi !
- Pas forcément. Quand j'étais avec des filles de mon âge, voire plus âgées, j'étais plus jeune, tout simplement.
- On a 5 ans d'écart ! Et quand on s'est connu, j'étais encore jeune.
- Mais c'était il y a longtemps, donc, forcément...
- Tu es affreux ! J'ai de plus en plus la nostalgie de mes années de fac. J'étais jeune, jolie, légère... J'aimerais tant y revenir.
- La science fait des progrès. On va vivre de plus en plus vieux. Mais revenir en arrière, je ne crois pas que ça arrive un jour.
- Il faudrait, pourtant ! Si tu m'avais connue à cette époque-là...
- L'âge n'a aucune importance, je te taquinais.
- Tu dis ça aujourd'hui...
- J
e t'aime et te désire aujourd'hui comme je t'aimais et te désirais il y a huit ans. De plus, tu sais bien que tu ne fais pas ton âge.
- Si, malheureusement.
- Quand d'autres te le disent, tu es toute contente, lorsque c'est moi, tu ne me crois pas.
- Ça, c'était avant. J'ai l'impression d'avoir pris 10 ans depuis que nous sommes dans cette maison.
- A cause de l'humidité ?
- Pas seulement !
- Ça coïncide peut-être avec une période de la vie durant laquelle on vieillit tout à coup.
- C'est affreux. Mais, toi aussi, je te vois vieillir.
- Donc, tout va bien.
- Non, les hommes, c'est pas pareil. A 50 ans, ils peuvent encore séduire des filles plus jeunes, être père...
- Pour ma part, c'est fait, tout ça...
- Tu m'énerves : tu as tout fait !
- Tu devrais être rassurée : moi qui ai tout fait, comme tu dis, je choisis de rester avec toi.
- Un jour, tu en auras assez.
- De tes angoisses ?
- Bon, je peux reprendre ma lecture ?
- C'est ce qui pourrait me faire partir.
- Que je veuille lire ?
- Non. Que tu aies peur que je parte et que tu ressasses ça sans cesse.
- Je ressasse sans cesse ?
- Un peu, oui.
- Tu crois que tu ne ressasses pas ? Tout le monde ressasse. Je suis certaine qu'il y a bien pire que moi !
- Possible, mais c'est avec toi que je vis.
- Je peux finir ma nouvelle ?
- C'est La Dame au petit chien ?
- Je n'y suis pas encore arrivée.
- A quoi ?
- A La Dame au petit chien !
- Je croyais que c'était celle-ci que tu voulais lire.
- C'est un recueil, je le lis du début à la fin
- Et alors ? Elles te plaisent, ces nouvelles ?
- Pas toutes.
- Laquelle lis-tu ?
- La Pharmacienne.
- Je ne m'en souviens plus, j'ai lu ça il y a des années...
- Ecoute : « Les maris, c'est une engeance si ennuyeuse qu'ils feraient bien de dormir tout le temps... »
- Bonne nuit, alors. 
- Tu ne lis pas ?
- Non, je vais ressasser.


lundi 8 février 2016

Sur le trottoir


Ne prête plus attention à moi
reprends tout
attends le deuxième mardi du mois
sur le trottoir dépose-moi parmi les encombrants
usé, encrassé, déglingué de partout
je ne vaux pas plus qu'un vieux lave-vaisselle
.

A l'origine


…on n'est pas malheureux par suite de quelque malchance extraordinaire, parce qu'on n'a pas, comme tout le monde, trouvé la femme idéale, ou pour avoir reçu sur la tête une tuile malencontreuse. Non, on est malheureux parce qu'on s'est fabriqué un caractère qui attire le malheur comme l'aimant attire l'acier. C'est lui qui vous rend malheureux, vous et votre entourage, et c'est lui aussi qui éveille en vous le besoin de vous donner raison, notamment quand vous avez tort. Car il n'est pas dans la nature humaine de chercher en soi-même l'origine de ses maux, tant qu'elle a la moindre chance de la trouver ailleurs…

Marcel Lévy, La Vie et moi

samedi 6 février 2016

Toute première phrase



On dit souvent que l'incipit d'un livre, roman ou autre, est capital. Certaines premières phrases nous ont marqué et pas seulement les fameuses Ça a commencé comme ça ou Longtemps, je me suis couché de bonne heure.
Saurez-vous, chers amis, identifier ces trente premières phrases ? Bien entendu, interdiction formelle de chercher sur la toile, sinon, c'est plus du jeu et de plus, vous serez dénoncés, mis en examen et déchus de votre nationalité. Les meilleurs d'entre vous, et les plus beaux, recevront mes hommages ainsi qu'une photo dédicacée de quelqu'un.


1. Aujourd'hui, maman est morte.

2. Je n'étais encore qu'une enfant quand ma grand-mère est morte.

3. J’avais déjà plus de quarante ans quand j’ai connu ma mère.

4. L'ennui est ma passion.

5. Pour parler franc, là entre nous, je finis encore plus mal que j'ai commencé...

6. La fin du monde est survenue après Montélimar. 

7. Le téléphone sonna.

8. Le Consul marche, sans but précis, sans direction déterminée, d'un pas à la fois incertain et assuré.

9. Il marchait.

10. Le 11 décembre 1688, à trois heures du matin, un homme sortait de White-Hall, à Londres, et montait dans une voiture où l'attendait un compagnon.

11. Ce soir-là, son mari lui apprit qu'il porterait désormais la même eau de toilette que son amant.

12. L'amphithéâtre était bondé, mais silencieux. 

13. Bientôt, je m'endormirai avec mes chaussures aux pieds.

14. Dans la vie, je n'avais malheureusement connu que deux types de femmes : les emmerdantes et les emmerdeuses.

15. Le médecin n'est resté que quelques minutes dans la chambre.

16. J'ai dû faire de nombreux boulots dans le port de Los Angeles parce que ma famille était pauvre et que mon père était mort.

17. Longtemps, je me suis levé aux aurores, à cause de mes insomnies.

18. En voilà du propre !

19. Bertrand se souvenait parfaitement du jour où il avait commencé à devenir un homme.

20. Tout est bien, sortant des mains de l'Auteur des choses ; tout dégénère entre les mains de l'homme. 

21. A neuf heures, la salle du théâtre des Variétés était encore vide. 

22. Il était quatre heures du matin, je n'avais pas fermé l'oeil depuis des semaines, et le bébé criait de nouveau. 

23. En elle-même, toute idée est neutre, ou devrait l'être ; mais l'homme l'anime, y projette ses flammes et ses démences ; impure, transformée en croyance, elle s'insère dans le temps, prend figure d'événement : le passage de la logique à l'épilepsie est consommé...

24. Hier, j'ai acheté un revolver. 

25. A vrai dire, je n'en avais rien à faire...

26. Mon Dieu !

27. Arthur régla sa note au comptoir de l'hôtel.

28. Depuis le déjeuner, Albert Guittard était mécontent de lui.

29. Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de partir fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard. 

30. Remontons-nous ?



mercredi 3 février 2016

Toujours la même histoire






Je m'en veux d'être moi. 

Emil Cioran


Bouffon volontaire


Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l'oeil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l'Amour.
    L'extase universelle des choses ne s'exprime par aucun bruit ; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c'est ici une orgie silencieuse.
    On dirait qu'une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l'azur du ciel par l'énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l'astre comme des fumées.
    Cependant, dans cette jouissance universelle, j'ai aperçu un être affligé.
    Aux pieds d'une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l'Ennui les obsède, affublé d'un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l'immortelle Déesse.
    Et ses yeux disent : « Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d'amour et d'amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l'immortelle Beauté ! Ah ! Déesse ! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire ! »
    Mais l'implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.

 

Charles Baudelaire, Le Fou et la Vénus, Petits poèmes en prose