La musique, les pas et la danse
Écrire une histoire n’était pas aussi simple que de rédiger une lettre,
ou de raconter une anecdote à un ami. Pourtant je pensais que cela
aurait dû l’être. Tchekhov disait que c’était facile. Mais je produisais
rarement une page entière en une journée. Les mots m’obsédaient, les
relations étranges entre leurs sons, comme s’ils recelaient une musique,
le chant bizarre d’un démiurge duquel émergeaient des images, des
choses virtuelles, rues, arbres, gens. La musique allait crescendo comme
si c’était elle l’histoire. Je devais laisser le champ libre, attendre
le déclic, mais je n’y parvenais pas. J’étais un mauvais danseur,
j’entendais la musique, j’effectuais les pas, mais j’étais incapable de
me laisser emporter dans la danse.
Leonard Michaels, Sylvia (1992)
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