Purement sexuel
- Comment tu peux dire ça ?
- Quoi donc ?
- Tu pourrais rester concentrée deux minutes ? De quoi on parlait ?
- De ma culpabilité.
- Si tu veux.
- Mais je n’ai pas grand-chose à ajouter.
- Tu n’en as rien dit.
- Je t’ai dit qu’elle existait.
- C’est suffisant ?
- Oui.
- Pour une fois que tu es honnête.
Elle jette un œil à son smartphone.
- On pourrait se parler sans que cette machine nous interrompe ?
- Je pensais aux enfants.
- Quels enfants ?
- Ceux qu’on n’a pas eus.
- C’est absurde !
- Non.
- Tu imagines la merde dans laquelle on serait si on avait eu des enfants…
- Ça, c’est absurde. Absurde et vulgaire.
- On parlait de ta culpabilité. Tu pourrais arrêter de t’éparpiller en permanence ?
- C’est peut-être lié.
- Ton éparpillement et ta culpabilité ?
- Non, les enfants qu’on n’a pas eus et la culpabilié.
- Je ne comprends pas.
- J’ai donné ma démission.
- Ah bon ?
- C’est ce que je voulais te dire.
- Et tu crois que tu peux partir comme ça, du jour au lendemain ?
- Il y a un préavis de deux mois.
- Ça a été accepté ?
- Je viens de faire la lettre.
- Et qu’est-ce que tu vas faire après les deux mois ?
- Pour le moment, je me demande ce que je vais faire pendant les deux mois.
- T’as commencé à chercher du travail ?
- Non.
- Comment on va rembourser le crédit ? C’est pas un peu précipité, cette démission ?
- Je n’avais pas le choix.
- On a toujours le choix.
- Toi et tes sentences !
- C’est la vérité.
- La vérité, c’est que je ne pouvais pas continuer comme ça.
- Comme ça, comment ?
- A être amoureuse de mon boss.
- Tu n’étais pas amoureuse. Vous vous éclatiez quand vous vous retrouviez à l'hôtel, voilà tout. C’est purement sexuel, une passade.
- Je pense à lui dès que je me lève, je pense à lui quand on se couche, quand on fait l’amour, quand on se parle, comme maintenant. Il va me falloir du temps.
- Tu te rends compte de ce que tu dis ?
- Tu n’aimes pas quand je suis honnête finalement ?
Elle regarde son téléphone. Il fouille dans ses poches pour régler les cafés.
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