Raphael Soyer, Consolation (1959)
- Merde, la porte du couloir a bougé !
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Je te jure, la porte du couloir s'est ouverte toute seule. Regarde !
- Tu as trop bu !
- Pas plus que d'habitude...
- Ce doit être le vent.
- Le vent ?!
- Cette porte bouge toute seule depuis le dégât des eaux.
- Le chat est dehors ?
- Oui. Tu as entendu ?
- Oui...
- C'était quoi, ce bruit ?
- T'es sûre que le chat n'est pas remonté ?
- Sûre.
- Bon, je vais aller voir.
- T'y vas comme ça ? Tout nu ?
- Si je dois me faire raccourcir, qu'est-ce que ça peut foutre ?
- Et si tu tombes sur ma fille ? L'autre jour, elle t'a vu sortir de la douche.
- Et alors ?
- Elle m'a dit qu'elle avait vu tes fesses, que c'était traumatisant.
- Ah bon ? Tu ne me l'avais pas dit. Elle fait sa sainte nitouche, mais je suis sûr qu'une fille de son âge, aujourd'hui, elle a déjà tout vu.
- Peut-être pas des fesses comme les tiennes.
- Qu'est-ce qu'elles ont, mes fesses ?
- Elles sont rares, sûrement.
- N'importe quoi. Bon, j'y vais.
- Tu peux me rapporter les gâteaux au chocolat ?
- C'est pas comme ça qu'on va réussir à se rendormir.
- Tu sais bien que j'ai toujours faim quand je me réveille la nuit. Tu me les rapportes ?
- Si j'en sors vivant.
- Attends, un bisou ! On ne sait jamais...
...
- Alors ?
- Trois hommes me sont tombés dessus et m'ont violé.
- Mince, c'est moi qui aurais dû me lever !
- J'étais sûr que tu allais dire ça !
- C'est toi le premier qui a évoqué ce fantasme.
- C'était pas un fantasme, c'était une blague.
- Moi aussi !
- Ben voyons... Tiens, tes gâteaux.
- C'était quoi alors, ce bruit ?
- Ton fantasme.
- Très drôle.
- Essaie de ne pas foutre des miettes partout dans le lit.
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