Sur le site du journal espagnol El Pais, je lisais récemment un texte de Philip Roth, une réflexion intéressante sur Portnoy, intitulée Le livre qui a changé une vie, la sienne en l'occurrence. Annonçant il y a deux ans qu'il se retirait du monde littéraire, il répondait ainsi à la question concernant son futur emploi du temps : « Je vais relire mes livres, histoire de vérifier si je n'ai pas perdu mon temps. » Une réponse sous forme de boutade, pensèrent certains, mais avec Roth, le mensonge n'est jamais bien éloigné de la vérité. Et il a tenu parole.
J'ai maintenant envie de relire ce livre qui ne m'avait pas emballé à l'époque, il y a une bonne vingtaine d'années. J'avais trouvé la traduction poussiéreuse – je me souviens encore du nom du traducteur, Henri Robillot –, et l'humour rendu potache et embarrassant. Ce n'est que beaucoup plus tard, ou pas tant que ça, vers 1993, année de la mort de mon père, qu'en écoutant Jean-Paul Dubois parler à la radio de Patrimoine, j'ai plongé véritablement dans l'œuvre de Roth. J'ai quasiment tout dévoré, comme à mon habitude, jusqu'au vertige. Mais je n'ai pas encore réessayé Portnoy. Un jour…
Je me souviens qu'en 2012, lorsque Roth avait fini de compter ses trimestres à la veille de ses 80 balais, je trouvais qu'il exagérait. Selon lui, le livre, la littérature, la lecture, c'était fini, les écrans l'avaient emporté. Aujourd'hui, je me demande s'il n'avait pas raison, le vieux. Deux ans, qu'est-ce que c'est ? Tout aurait changé en si peu de temps ? Durant les quelques semaines de convalescence m'ayant contraint à prendre les transports en commun, j'ai vu très peu de monde lire. A part les écrans. Textos, mails, jeux. Je me souviens que vers 1984, il n'était pas étonnant de voir tout un wagon de métro lire L'amant de Duras. J'ai l'impression que de nos jours, ce phénomène n'existe même pas pour Marc Levy. Je me souviens de foule étouffante devant la caisse le samedi du temps où j'étais libraire. Aujourd'hui, il y a plus de chance de voir pareille cohue devant Apple la veille de la sortie d'un nouveau produit must have.
Une amie scénariste m'a confié ce soir avoir reçu un mail de sa sœur, avec une pièce jointe et ce commentaire : « Il faut trouver LE sujet qui buzz! Et voilà! », avec le smiley approprié. Faire le buzz, voilà le secret de la littérature à venir. Le contenu de la pièce jointe doit bien faire rire Roth. C'est un article de magazine féminin à propos d'une jeune « auteur » se voyant offrir deux millions de dollars pour son livre… non encore écrit. Hollywood aurait fait exploser les prix, et créé le buzz donc. J'ai mis des guillemets à la profession de la millionnaire car elle n'a jamais écrit de livre, sa plume étant limitée pour le moment à des articles dans des magazines. Mais elle a trouvé le sujet et su le vendre à un agent littéraire, créant un buzz à faire baver Guillaume Musso ou Michel Onfray. Son idée, raconter le clan Charles Manson. C'est sur ce concept que la jolie Emma Cline, également modèle pour gagner sa croûte, a décroché le jackpot. Un peu à la manière de ces comiques de télévision qui deviennent réalisateurs dès le moment qu'ils font de l'audience et qu'ils sont connus.
Bien entendu, l'article nous dit qu'en France, ça ne peut pas arriver. Des poids lourds de l'édition y affirment qu'un auteur débutant ne pourrait toucher plus de 3000 euros pour un premier roman, et plus sûrement entre 1500 et 2000 euros. Sauf, nous disent-ils, s'il est connu… Alors, là, les prix ne sont plus raisonnables.
La petite Cline est une maline. Elle annonce trois tomes à son épopée. Et j'imagine que dans quelques années, elle nous proposera quelques prequels de sa franchise littéraire. Si tout se passe bien…
J'ai maintenant envie de relire ce livre qui ne m'avait pas emballé à l'époque, il y a une bonne vingtaine d'années. J'avais trouvé la traduction poussiéreuse – je me souviens encore du nom du traducteur, Henri Robillot –, et l'humour rendu potache et embarrassant. Ce n'est que beaucoup plus tard, ou pas tant que ça, vers 1993, année de la mort de mon père, qu'en écoutant Jean-Paul Dubois parler à la radio de Patrimoine, j'ai plongé véritablement dans l'œuvre de Roth. J'ai quasiment tout dévoré, comme à mon habitude, jusqu'au vertige. Mais je n'ai pas encore réessayé Portnoy. Un jour…
Je me souviens qu'en 2012, lorsque Roth avait fini de compter ses trimestres à la veille de ses 80 balais, je trouvais qu'il exagérait. Selon lui, le livre, la littérature, la lecture, c'était fini, les écrans l'avaient emporté. Aujourd'hui, je me demande s'il n'avait pas raison, le vieux. Deux ans, qu'est-ce que c'est ? Tout aurait changé en si peu de temps ? Durant les quelques semaines de convalescence m'ayant contraint à prendre les transports en commun, j'ai vu très peu de monde lire. A part les écrans. Textos, mails, jeux. Je me souviens que vers 1984, il n'était pas étonnant de voir tout un wagon de métro lire L'amant de Duras. J'ai l'impression que de nos jours, ce phénomène n'existe même pas pour Marc Levy. Je me souviens de foule étouffante devant la caisse le samedi du temps où j'étais libraire. Aujourd'hui, il y a plus de chance de voir pareille cohue devant Apple la veille de la sortie d'un nouveau produit must have.
Une amie scénariste m'a confié ce soir avoir reçu un mail de sa sœur, avec une pièce jointe et ce commentaire : « Il faut trouver LE sujet qui buzz! Et voilà! », avec le smiley approprié. Faire le buzz, voilà le secret de la littérature à venir. Le contenu de la pièce jointe doit bien faire rire Roth. C'est un article de magazine féminin à propos d'une jeune « auteur » se voyant offrir deux millions de dollars pour son livre… non encore écrit. Hollywood aurait fait exploser les prix, et créé le buzz donc. J'ai mis des guillemets à la profession de la millionnaire car elle n'a jamais écrit de livre, sa plume étant limitée pour le moment à des articles dans des magazines. Mais elle a trouvé le sujet et su le vendre à un agent littéraire, créant un buzz à faire baver Guillaume Musso ou Michel Onfray. Son idée, raconter le clan Charles Manson. C'est sur ce concept que la jolie Emma Cline, également modèle pour gagner sa croûte, a décroché le jackpot. Un peu à la manière de ces comiques de télévision qui deviennent réalisateurs dès le moment qu'ils font de l'audience et qu'ils sont connus.
Bien entendu, l'article nous dit qu'en France, ça ne peut pas arriver. Des poids lourds de l'édition y affirment qu'un auteur débutant ne pourrait toucher plus de 3000 euros pour un premier roman, et plus sûrement entre 1500 et 2000 euros. Sauf, nous disent-ils, s'il est connu… Alors, là, les prix ne sont plus raisonnables.
La petite Cline est une maline. Elle annonce trois tomes à son épopée. Et j'imagine que dans quelques années, elle nous proposera quelques prequels de sa franchise littéraire. Si tout se passe bien…
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