Le mystère – c'est la voix étouffée des ramoneurs derrière les murs et le parcours de la Grande-Batelière sous l'Opéra.
La peur – c'est un roulement de tombereau, la nuit, dans un bois où ne passe aucune route.
La douceur – c'est un vol de chouette, sous le taillis, au crépuscule.
Le contentement – c'est l'odeur d'une blonde qui, lente, efface ses bas noirs.
L'angoisse – c'est la congestion, comme une émeute violette, sur le bitume où bouge un soleil ahurissant.
L'été – c'est l'ombre de la jarre qu'emperle son frais et cette parole qui traverse encore le dédale des vacances.
L'Île au trésor – c'est la touffe de parfum entre tes cuisses – salées.
Le désir – c'est la flèche de rubis qui vole par dessus l'Orénoque en flammes et décochée sans bruit.
L'amour – c'est ce pays infini ouvert par deux miroirs qui se font face.
L'enfance – c'est la clef rouillée que cachent les buis – celle qui forcerait toutes les serrures.
Le rêve – c'est l'instant où tombe enfin la robe des clairières.
La plus belle récompense de l'homme – c'est encore son sommeil.
Et le mien tarde bien à venir.
André Hardellet, La Cité Montgol
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