J'avance en âge mais vraimentje recule en toute autre choseet si l'enfance a pris du tempsà trouver place en moi je pensevoilà qui est fait et je suisdevenu susceptible au pointqu'on peut me faire pleurer rienqu'en me prenant la main Je traîneen moi ne sais quelle santéplus prompte que la maladieà me faire sentir la mortTout m'émeut comme si j'allaisdisparaître dans le momentCe n'est pas toujours amusant.
A quoi pense un homme vous moiquand il ne pense rien voilàce que j'aimerais bien savoirS'il faut travailler pour garderune étincelle de penséeet du coup la défigurerà notre pauvre ressemblancenon je n'y vois pas avantageQuoique ne travaillant qu'à peineJuste assez pour ne rien troublerde l'eau pure qui nous amènede temps à autre chi lo saau mystère qui reste entierQuand aurons-nous le privilèged'être pris si peu que ce soitdans les rets de son meilleur piègeNe faisons pas l'homme Ecoutonsplutôt ce que parler veut direIl est rare que nous prenionsun mot pour un mot sans délirequi l'éloigne alors de sa sourceet le rend humain malheureuxqui n'attendait rien de sa coursesinon qu'on lui tende les lèvressans ajouter métaphysiqueà son parcours L'orgueil des hommesfait leur mort en tout et pour toutPull down thy vanityI say pull down.
Ce que je veux dire est très simpleUn homme doué pour le spectaclepour se montrer ne m'intéresseque s'il tente de tuer ce donafin d'y survivre sans pluset finir tout seul le cul nul.
Georges Perros, Une vie ordinaire

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