Je me suis collé entre eux au comptoir. Je n'avais pas vu qu'ils étaient tous les deux au téléphone. Mais ma vie serait formidable si j'avais du boulot. Mais, là, je ne travaille pas et je ne peux supporter de voir qu'à lui, tout réussit. Je n'en peux plus, tu comprends ? Lui aussi semblait agacé. Je ne comprends pas, tu passes ta journée à mater des films et le soir, quand je rentre, tu sors. Je parie que là, tu pensais que je rentrais. Non, je suis au bar, pour voir le match. Viens me rejoindre, si tu veux. Ou on va ailleurs. Où tu veux. La fille a raccroché puis composé un nouveau numéro. Elle a servi la même salade. Je n'en peux plus de ma vie, là. Tandis que le type essayait encore de convaincre son amie. Sur l'écran de télévision, au-dessus du bar, le résumé d'un combat de boxe féminin entre une Gabonaise et une Néerlandaise. La fille a appelé sa mère. Elle s'est excusée, elle n'avait pas pensé au décalage horaire. Il n'était que 15h chez elle et elle la trouvait en plein travail. Je t'appelle comme ça, maman, et parce que ça ne va pas très très très bien… Et elle a expliqué de nouveau son manque de travail et le souci que ça lui posait de vivre avec un mec à qui la vie sourit. Le soir, je sors pour pas être à la maison. Avec des copines. Ce soir aussi, je bois. On va regarder le match. J'en peux plus, maman. Mais sa mère ne pouvait rien pour elle. Elle s'apprêtait à donner un cours. Aux antipodes. C'était la Journée de la femme. Une émission entière consacrée à la boxe féminine. La violence des beignes de ces jeunes filles n'avaient rien à envier à celles des hommes. J'entendais ma voisine pleurer. J'ai tourné la tête vers elle, prêt à la consoler, lui conseiller de changer de pays. Elle s'est levée fièrement avant de disparaître aux toilettes. Mon voisin réglait sa note. J'ai repris une bière. Et tenté de noyer mes pensées dans les coups de tatanes de la Gabonaise. Elle aussi pleurait. Des larmes motivées par la joie d'avoir massacré son adversaire. Je n'y arrivais pas. J'ai détaché les yeux de l'écran et me suis aperçu que j'étais désormais seul au comptoir. Une femme et un homme sont entrés. Ils voulaient dîner mais tout était réservé. A cause du match, a dit la serveuse. La fille a reproché au type de ne pas avoir appelé le bar dans l'après-midi. C'était la Journée de la femme. Je savais que ma chérie se réjouissait de me savoir au bar. Je lui ai envoyé un S aime S pour lui demander son pronostic. Pour le match.
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