vendredi 18 novembre 2016

Zone de combat



Un ami m'a envoyé le texte ci-dessous. Et la petite histoire qui va avec. Le chanteur Damien Saez, rebelle jusqu'au tombeau (Warner), s'est vu piquer par Amazon les titres des chansons composant un album qu'il prépare depuis 3 ans, et dont il avait dévoilé le concept (culture contre culture) sur son site.
L'entreprise culturelle-marchande dont on connaît l'hégémonie, les méthodes de management et les conditions de travail de ses nombreux employés - et le respect des artistes (et du fisc) - a foutu en ligne 30 secondes de chaque titre, comme s'il s'agissait de saucisses ou de paires de godasses. Saez a donc écrit ce texte mercredi sous la colère, puis l'a retiré de culture contre culture. Dommage. Heureusement, la toile a ses portes dérobées... Je le mets ici tel qu'il m'a été transmis, sans autre commentaire, si ce n'est que je lève mon verre...

quelle honte.

ce mercredi 16 novembre ont été divulgués sur un site marchand les débuts de toutes les chansons de l’œuvre que je travaille depuis des mois, faisant partie d’une œuvre que je travaille depuis trois ans.
le seul instant où je livre aux rouages de ma société, tenus contractuellement de préserver mon art et sa propriété intellectuelle, le seul instant où je ne suis pas derrière la machine, et voilà la pourriture qui s’y greffe dessus.
je ne peux plus le tolérer, c’est le moins que je puisse dire… il va être temps de me rendre des comptes, sociétés en tous genres qui font les intermédiaires.
ah oui pardon, je devrais sans doute rester devant le fait accompli en pensant à la peine que ça va causer à ces gens impatients de découvrir cette œuvre…
et bien non, il n’est pas ça, l’artiste en question, t’as sans doute plus l’habitude société, mais chez moi on ne crache pas sur l’art, vieille salope, et s’il faut en passer par le juridique et la jurisprudence, alors qu’on y aille, et crois-moi, je fais de bons plaidoyers, vieille putain d’entreprise de l’intermédiaire.

ah ça c’est sûr… y’a du ministre aux commémorations… mais que restera-t-il dans quarante ans, vieille salope de société moisie ? ton discours et tes tweets? ou les enfants paradis ? pauvre tâche.
et toi tu pisses sur ces mots ? tu les voles puis tu les coupes où tu veux ? sur ces mots de mémoire pour mon pays ? mais que ce triste pays meurt demain.
incapable à sa propre culture.

regarde-toi comme tu es mon pays.
voilà ta culture traitée comme de la merde.
bande de pauvres incultes dangereux de tous poils.
marchands de marchandises avariés.
je demande à tous ceux qui ont commandé leurs disques sur amazon de se les faire rembourser sonnante.
ces gens-là crachent à la figure de la propriété intellectuelle, ces gens-là crachent à la figure de votre culture, si vous êtes de ceux qui partagez la mienne. boycottez-les, méprisez-les,
ces gens-là sont la fange de ce monde,
sans aucun accord, sans rien que leur bêtise ils s’octroient les droits de tous ces gens-là qui font ce qu’est la honte d’où nous en sommes.
quelle honte. quel dégout.

merci à tous ceux qui ont pris le manifeste, je peux vous dire une chose, c’est que vous, vous allez être gâtés, que le monde des autres crève la bouche ouverte.
pathétique, que dire…

je reviendrai sur les détails plus tard.

j’annule tout jusqu’à nouvel ordre,
sortie physique des disques,
tournée reportée jusqu’à nouvel ordre.
(ah au moins là, on peut pas me cloner, ou pas encore, mais la tournée fait partie d’un tout, que veux tu, c’est comme ça l’Art, c’est pas la kermesse.)

société d’enculés.

que celui qui m’a écouté un jour et m’a compris au fil des non concessions depuis bientôt 20 ans, celui là :
que plus jamais de son être il ne donne un centime de son labeur à ces enculés, ou qu’il brûle mes disques, s’il leur donne encore un centime, même pour en faire l’appoint pour un rouleau de PQ, qu’il sache qu’il participe à la fange qui fait exactement où en est notre pays, je vais m’arrêter là et en faire des chansons pour mes manifestants, ça sera mieux.
je pleure. pauvre culture de merde, toi qui appuies sur ton p’tit bouton dans ta boite de merde pour divulguer le diamant des autres comme on étend un slip, pourriture, si je te croise ou ceux de mon quartier…
pauvre petite merde à vomir,
pauvre inutile va.
mais quel pouvoir elle t’aura donné cette société alors à toi l’illettré,
et bien sûr tout ça pour marcher sur ceux qui eux, ont payé un prix plus juste.
je vous prie, vous qui m’avez ouvert la confiance en juillet sans savoir où nous allions, je vous prie d’accepter mes plus plates excuses pour avoir juste une seconde de plus fait confiance à leur système pourri pour qu’il puisse offrir des objets à ceux qui, pauvres d’eux, n’avaient pas 60 euros à mettre…
la confiture aux cochons, c’est fini pour moi. (tu écouteras « le dernier disque » tu verras j’y ai trouvé une meilleure expression encore, mais je te laisse la surprise,
à moins que demain le label n’ait décidé de mettre en avant-première le streaming sur apple spotify amazon mon cul sur la commode ce qu’il me reste de création,
ou si j’avais un verre de whisky dans le nez, pourrais-je dire, ce qu’il reste de création à mon triste pays… allez va triste France, tu auras juste perdu un autre de tes poètes.

l’albatros violé, c’est pas la première fois, mais comment dire, la goutte d’eau…
ma vie pour vous ne peut plus être violée comme ça, je vous l’avais un peu écrit en août et nous y voilà, ça n’a pas raté, encore une fois… la dernière. alors l’albatros va repartir voler… l’aile juste un peu plus blessée,

ses ailes de géant l’empêchent de marcher…

marcher ??? non ça c’était à ton époque, une époque qui savait lire, mon ami Charles, aujourd’hui ça n’est plus marcher que faire partie du monde c’est se vautrer dans la merde épousant les égouts que faire partie du monde.
une phrase de ma plume vaut plus à mes yeux que ce théâtre de vulgarité.
quoi de plus vulgaire que faire son existence en volant celle des autres ?
ça c’est la vulgarité.
ce sont eux les terroristes, les terroristes du quotidien, et le voleur n’est pas basané ça c’est sûr.
non ça n’est pas l’immigration ça, ça n’est pas les camps de Calais, pauvre pays perdu, ça n’est pas celui qui fuit la guerre à s’y noyer et que tu nommes étranger,
ça c’est ta bonne vieille sale gueule de société pourrie jusqu’à la moelle,
tu as mis mon Art en petits bouts comme au rayon charcuterie,
tu as enlevé la joie de la surprise à des gens, piétinant leur droit à la découverte d’une œuvre,
tu as enlevé le solennel de la découverte des mots d’une lettre à son pays,
tu mériterais cent ans de cachot pour ce que tu viens de faire… trois ans de vie de travail sur lesquels tu pisses?!!!…
meurs dans ta merde !
pauvre chienne bonne à faire piquer.
alors une nouvelle fois, la décision est prise, je resterai debout face au miroir vieille salope, et je sais que l’hiver sera rude à prendre ces décisions-là, mais un hiver rude debout vaudra toujours mieux que ta vie toute entière à ramper comme la vieille fosse septique que tu es. heureusement est en moi l’humanisme,
je t’aurais tuée société.
tu m’étonnes qu’il soit l’époque à aller dans des églises pour y trouver du sacré…
t’as vraiment que la merde au cœur et la désolation de l’âme pour l’argent qui te soit sacrée toi, vieille pute d’amazones en tous genres, allez va…
tu vas payer, un jour ou l’autre, crois-moi, tu vas payer.

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