Continuant à décrire mes habitudes et mon mode de vie chez moi, après ce problème de nourriture qui a été résolu avec le secours de la religion, comme on verra dans un instant, je remarque que je me rends parfois chez les bonnes putes, et j'emploie ce mot dans son sens le plus noble, avec toute mon estime et ma gratitude, lorsqu'on prend soin de moi. Je me sens soudain au complet quand j'ai deux bras de plus. Il y en a une, Marlyse, qui me regarde dans les yeux, lorsqu'elle s'enroule autour de moi, et qui me dit :— Mon pauvre chéri.J'aime. J'aime qu'on me dise mon pauvre souris… chéri, je veux dire. Je sens que je fais acte de présence.Elle ajoute souvent :— Enfin, tu as un regard. Au moins, avec toi, on se fait regarder. C'est pas seulement l'endroit. Allez, viens que je te lave le cul.
Emile Ajar, Gros-Câlin, 1974
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