A l'horizontale
C'est la nuit que ça arrive, je n'en dors pas. Les lettres de la banque pas ouvertes, les relances de factures qui s'accumulent sur mon bureau – je devrais les mettre ailleurs –, ma lâcheté, ma grande gueule, mes insuffisances, toutes ces trucs à régler, pas seulement les factures, les PV, la réponse à donner aux voisins, la question à poser à ma femme, toutes ces choses que je rêvais de faire, ces gens formidables que je n'ai pas rencontrés, ces femmes sublimes que je n'ai pas baisées, ce boulot qui m'emmerde, l'âge qui avance, une succession d'échecs dans tous les domaines, ça se bouscule dans ma tête prête à exploser, et je ne vois qu'une solution : une balle, que ça explose d'une bonne fois pour toutes, vous comprenez ? Le problème, c'est que je ne sais pas où trouver une arme, enfin, si, sûrement, ça se trouve, tout se trouve aujourd'hui, mais je n'ai certainement pas les moyens d'en acheter une, sans parler de ma haine de la violence, et du sang. Et puis, je ne sais où faire ça. Chez moi, je pense à ceux qui me trouveront, ces bouts de cervelle sur les murs, le sang à nettoyer, si la balle ressort, le plâtre, les enduits, la peinture à refaire. Bien sûr, je pourrais faire ça dans la nature, au fond des bois, mais avec la chance que j'ai, personne ne me retrouverait, pour peu que je me rate, j'agoniserais sans fin, sans la force de tirer une deuxième fois… Je suis perdu, je ne sais pas comment faire pour en finir… Bien, d'accord, merci. Oui, à la semaine prochaine.
Avant de passer à l'acte, merci de bien vouloir régler vos séances en retard. Bien cordialement.
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