vendredi 30 janvier 2015

Princesse

C'est l'histoire de Fernandinho, jeune brésilien persuadé que son corps était une erreur et qui décide de devenir Fernanda afin de pénétrer, si j'ose dire, l'univers du désir des hommes, en s'installant en Italie. Si j'ai bien compris, c'est en prison que Fernanda Farias De Albuquerque rencontre Maurizio Jannelli, membre des Brigades rouges. Leur liaison les incite à écrire, à quatre mains, l'histoire de Fernandinho/Fernanda, parue en 1994 et intitulée Princesa



Deux ans plus tard, le Gênois Fabrizio de André (1940-1999) en fait cette chanson que l'on trouve dans son dernier album, Anime salve et  dont je trouve une traduction sur internet. De André, poète anar, a toute sa vie chanté les petites gens (exclus, marginaux, pauvres, prostitués), parfois en dialecte, et traduit en italien Ferré, Brassens, Dylan ou Cohen.

Je suis la brebis je suis la vache
qui aime jouer aux animaux
Je suis la fille chemise ouverte
petits tétons à sucer.

Sous les yeux de ces arbres
dans le clair-obscur où je suis né
l'horizon précédant le ciel
était le regard de ma mère.

"Fernandino est comme une fille
il m'apporte le café et le tapioca au lit
et pour lui rappeler qu'il est né mâle
il y aura l'instinct il y aura la vie".

Et moi devant le grand miroir
je me cache les yeux avec les mains
pour imaginer entre mes jambes
une minuscule chatte.

Dans le demi-sommeil du bus
je laisse mon enfance paysanne
je cours vers la magie des désirs
je vais corriger le sort.

Dans la cuisine de la pension
je mélange les rêves avec les hormones
à l'aube il y aura la magie
il y aura des seins miraculeux.

Pourquoi Fernanda est-elle vraiment une fille
qui veut faire l'amour comme une fille
alors que Fernandino résiste et vomit
et se tord de douleur.

Et donc le bistouri pour les seins et les hanches
dans un vertige d'anesthésie
jusqu'à ce que mon corps me ressemble
sur la promenade du bord de mer de Bahia.

Sourire tendre de feuille verte
je retire mes mains de ses cheveux
quand les voitures braquent leurs phares
sur la scène de ma vie.

Où parmi des embouteillages de désirs
un mâle se pend à mes fesses
dans ma chair entre mes lèvres
un homme glisse l'autre se rend.

Fernandino est mort dans mon giron
Fernanda est une poupée de soie
ce sont les braises d'une seule étoile
qui éclate de lumière au nom de Princesse.

Maintenant Princesse offre son cœur
à un avocat de Milan
et une promenade récidiviste
dans la pénombre d'un balcon.

o matu (la campagne)
o cé¨u (le ciel)
a senda (le sentier)
a escola (l'école)
a igreja (l'église)
a desonra (la honte)
a saia (la jupe)
o esmalte (le vernis)
o espelho (le miroir)
o baton (le rouge à lèvres)
o medo (la peur)
a rua (la route)
a bombadeira (la modeleuse)
a vertigem (le vertige)
o encanto (l'enchantement)
a magia (la magie)
os carros (les voitures)
a policia (la police)
a canseira (la fatigue)
o brio (la dignité)
o noivo (le fiancé)
o capanga (le garde)
o fidalgo (le grand seigneur)
o porcalhao (le salaud)
o azar (la poisse)
a bebedeira (la cuite)
as pancadas (les coups)
os carinhos (les caresses)
a falta (le fiasco)
o nojo (le dégoût)
a formusura (la beauté)
viver (vivre)

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