J'ai toujours aimé le film noir. Le film noir, le western et le foot. Comme mon père.
Je dois avoir 6, 7 ans. Nous rentrons de l'école, ma soeur et moi, pour aller déjeuner chez mes parents. Rue des deux communes, nous tombons sur ma mère, en pleurs. Ma grand-mère vient de mourir. Je lui prends la main. On fait une pause à la mercerie de la rue pour acheter des bas noirs.
Je connais mal la mère de ma mère. J'apprendrai bien plus tard pourquoi. Mais d'elle, j'entends, dans la bouche de ma mère, qu'elle est la personne la plus bonne de la terre, que mon petit frère a hérité de ses yeux bleus.
Le soir, ma mère attend que mon père soit rentré du travail, sa valise prête. Dès son arrivée, il se rend au café de Guy Roudière, appeler un taxi. Puis revient nous chercher. Ma mère nous embrasse, emmène avec elle mon frère et monte dans la voiture garée devant le bistrot. Mon père nous ramène, ma soeur et moi, à la maison. Nous ne disons rien de notre indignation, nous ne savons même pas que ça existe. Nous nous sourions simplement en cachette. C'est devenu un souvenir longtemps rappelé entre nous, ce soir de la diffusion de M le maudit à la télé. Mon père ne veut manquer ce film pour rien au monde et n'hésite pas à abandonner sa femme à la noirceur de son deuil.
Enfant, j'ai lutté pour aimer ce genre cinématographique. Je me laissais emporter par la lumière, les ombres inquiétantes du noir et blanc et avais souvent recours à ma grande soeur pour qu'elle me dise où nous en étions de l'intrigue.
J'ai vu plusieurs fois le film de Lang. Je l'ai montré à mes filles il y a quelques années. Mais il me semble que ce soir de 1970, il s'agit du remake hollywoodien, réalisé par Joseph Losey.
Je n'ai jamais eu l'occasion de voir cette version. Ni à la cinémathèque, ni aux différents ciné-clubs de la télévision en mes années d'apprentissage. Aujourd'hui, je me demande s'il s'agissait seulement de ce film. Un film noir en tous cas.
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