jeudi 15 juin 2017

Signaux extrêmement préoccupants


Souriez, vous êtes filmés, source Taranis

Les Etats se servent de la lutte contre le terrorisme pour contrôler davantage les citoyens, en surveillant leurs mouvements et en restreignant leurs libertés individuelles.
Ce texte n'est pas tiré d'un édito du Monde diplomatique ou d'une tribune du Grand soir, pas plus qu'il n'est extrait d'un discours de Jean-Luc Mélenchon ou d'un entretien avec Frédéric Lordon. 
Ce dernier paragraphe d'une courte présentation du terrorisme figure dans un manuel à destination des lycéens préparant le bac, publié par un éditeur historique de livres scolaires. 
L'amie qui me le signalait ce midi – une sale gauchiste, bien évidemment – en a pris connaissance par l'intermédiaire de son fils, en pleine révision de l'examen. Quelques questions se posaient à nous devant notre plat de nouilles sautées. Comment un éditeur peut-il avoir laissé passer un point de vue aussi peu politiquement correct ? Le recours toujours plus restreint aux correcteurs est-il la seule réponse ? Est-ce le signe d'autre chose ? En rendant public ce court texte ne risque-t-on pas de porter préjudice à son subversif auteur ? Enfin, si un élève faisait sienne cette analyse dans sa copie d'histoire, comment serait-il noté ?

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Hier, Acrimed publiait des extraits d'un rapport d'Amnesty international dénonçant les violences policières et les dérives de l'Etat d'urgence – que l'association de malfaiteurs tout juste arrivée au pouvoir entend "banaliser" comme on l'a fait pour le Front national. L'observatoire des médias s'interroge sur le traitement de ces événements par les journalistes. C'est à lire ici.

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En avril dernier, le même site relayait une enquête de Tomas Statius et Corentin Fohlen, publiée par Streetpress, Journalisme en état d'urgence. Coups, tirs de Flash-Ball,  matériel détruit, ce dossier révélait qu'un certain nombre de journalistes couvrant les mobilisations sociales étaient dans le viseur de la police, certains faisant même l'objet de surveillance et d'enquêtes policières. C'est toujours à lire sur le site de Streetpress.
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L'un de ces journalistes particulièrement surveillé et emmerdé dans son travail est le jeune fondateur de Taranis, Gaspard Glanz, fiché S, qui non seulement doit affronter la justice, mais aussi de nombreuses menaces de mort sur les réseaux sociaux, de la part, très souvent, de policiers… 



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Interdit de déplacement depuis des mois, entravé dans son travail, Gaspard Glanz continue à pointer une fois par semaine au commissariat à l'autre bout du pays, à répondre aux multiples convocations de la justice, et doit mettre sa structure en sommeil après avoir perdu son appartement et s'être vu détruire son matériel professionnel. Il n'en perd pas moins ses convictions et s'en explique dans un texte publié sur Taranis et dont voici un extrait :
(...) Je ne gagne pas 300€ par mois. Je n’ai pas de voiture. Je ne possède plus rien. Voilà, c’est la réalité de ma vie depuis qu’on a décidé de me la pourrir par tous les moyens.
Pensez-vous vraiment « Oh grands stratèges du Ministère de l’Interieur » que de détruire tout ce qu’un homme aime ou possède, ce qu’il a mis des années à construire de ses mains et à chérir avec son coeur, va d’une manière ou du autre le faire renoncer à entretenir la flamme de ce en quoi il croit ? Êtes-vous à ce point infiniment stupides, terriblement cons, ou n’avez-vous jamais ouvert autre chose qu’un manuel de police pour fantasmer que l’on peut modeler les rêves et les passions de quelqu’un par l’usage de la constriction ou de la violence ?
La totalité du texte se trouve ici.

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Enfin, un ami me signale que le torchon de Laurent Mouchard, dit Joffrin, vient de publier un appel lancé par une vingtaine de sociétés de journalistes devant une série de « signaux extrêmement  préoccupants ». Parmi les signataires, on retrouve les plus fervents admirateurs du banquier d'affaires devenu roitelet d'opérette (Libé donc, mais aussi Radio France, TF1, L'Obs, Le Monde…) Déjà ? C'est à lire ici, mais rien ne vous y oblige.  

Elle n'est pas belle, la start-up France de 2017 ?

2 commentaires:

  1. Merci pour toutes ces infos, je ne connaissais pas Gaspard Glanz...

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  2. Oui, merci l'Inconsolable pour cet éclairage qui confirme, le fallait-il, que nous allons prendre encore plus chaud dans les mois qui viennent et que d'aucuns se sentiront bientôt assez solidaires des grecs, des portugais et d'une bonne partie du lumpen prolétariat anglais.

    Bon courage à tous.

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