lentement je poursuis
nerveusement les mots
des autres
derrière lesquels je rêve
de pouvoir lâchement
me réfugier
tu me proposes
une fois levé
de me faire retrouver
un semblant de paix
tu sais ma réponse
pourquoi y en aurait-il
une autre
trop tôt pour déjeuner
mais faut bien s'occuper
j'allume la bécane
fais passer le café
avale un morceau de fromton
avec un bout de pain
un verre de vin
serait le bienvenu
j'espère que tu dors
à quoi ça tient
l'envie de baiser
inutile de chercher
dans le noir
sur le bureau j'ai chopé un bouquin
heureusement pas de la poésie
surtout pas de poésie
j'ai toujours lu lentement
les livres les articles les cartels
toujours à me faire attendre
réfugié anonyme dans ce pays hôte
et cette langue autre
pas sûr de comprendre
m'exécutant
convenablement
acceptablement
m'exténuant à me fondre
parmi vous
jusqu'à disparaître
en place d'un autre
trop de longues nuit
à démêler ce bordel
j'en suis encore
à essuyer vos pare-brise au feu rouge
j'allume la radio
un œil sur des bandes-annonces
de cinéma
sans le son
des amours publicitaires
de blondes justicières
des rires et des pets de travers
papa lâche l'affaire
sur les pages des sports
des millionnaires réfugiés en Suisse
lancent une nouvelle campagne
solidaire
je coupe la radio lorsque surgissent
les formules creuses de ce fils de pute
tigre façonné en papier glacé
tu montes chéri
ça marche
tous les chemins mènent à Rome
ça démarre au petit jour
mais pour eux aucun
des mille soleils jamais ne se couche
les urnes ont parlé
je fouille mes poches
personne
même plus de quoi se bourrer la gueule
prendre un pétard
se faire sauter le caisson
les burnes
ou la maison
j'espère que tu dors
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