lundi 24 avril 2017

Le salut d'entre les jours




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à Pierre Vallières et Charles Gagnon

Je vous salue clandestins et militants, hommes
plus grands pour toujours que l'âge de vos juges

camarades,

votre pas dans les parages encore incertains
de ces jours de notre histoire où vous alliez
touchant le fond âpre, l'étendue panique
et l'abandon des nôtres par qui nous savons

camarades,

comme arbres avec un arbre, mur avec un mur
comme souffle dans le jour et nuit dans la nuit
parmi les révélations souterrraines de la colère
parmi le déferlement des compassions noueuses
avec la peur et l'angoisse tenues sous le regard
marqués par le scandale du dérisoire embrasement
de ceux qui changent la honte subie en dignité
et l'espérance a fini de n'être que l'espérance

camarades,

nombreux dans celui qui va seul au rendez-vous
avec notre nom et notre visage pour le monde
chacun dans chacun n'étant plus divisé en soi

Gaston Miron, L'Homme rapaillé

5 commentaires:

  1. Réponses
    1. Quand je vous aurais dit que c'est l'ami Falardeau qui m'avait fait découvrir Miron... Mon exemplaire de L'Homme rapaillé fut d'ailleurs acheté à Montreal.

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  2. Décidément, le hasard n'en est jamais tout à fait un.
    (Tiens, le vieux Léo a été remplacé par une créature).

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    1. Oui, Julio, le hasard objectif peut-être...
      Quant à Leo, j'ai décidé de me calmer, jeter mes vieux disques et livres libertaires, et me vouer corps et âme aux images jeunes, sexy et dynamiques...

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  3. Faut bien vivre avec son temps.
    Vous eussiez pu rajouter "mondialisées", comme l'aurait écrit Marco Polo.
    Salud !

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