mercredi 24 février 2016

Illusions amoureuses


J’ai traversé toute la ville en Vespa sous des trombes d'eau
pour rejoindre Lise et nous réfugier dans une église
avec Lou regardé un film de Weerasethakul jusqu’au bout
grimpé le volcan avec le sosie de Michèle Morgan et des baskets glissants
J’ai crié le nom d'Eve en vain sous ses fenêtres et la pluie une heure durant
subi les assauts d’Amparo à Bobo-Dioulasso dans tout le Burkina Faso
et jusqu'au Togo
baisé la soeur du mari de la maîtresse du mari de la meilleure amie de ma femme
fumé tous les jours du hachisch pour le sourire d'Aïcha
traîné Hélène en tandem tandis qu'elle me récitait de stupides poèmes
fait la cour en chantant des chansons d'amour à Shaana
et des airs d’opérette à la caisière de la supérette
couché trois fois avec la mère de Marie
claqué tout mon fric pour gagner le lit d'Annick
conduit tous les jours à l'école la fille de Nicole
devant tout le monde dansé le ska pour faire rire Francesca
Je me suis laissé enfermer dans la cave pour les seins de la femme du pharmacien
suis resté coincé toute une nuit dans une gare pour les fesses de Mar
J'étais bête à manger du foin pour la lauréate du prix d’interprétation féminine à Berlin
J'ai cuvé mon vin sur le paillasson d'une fille qui disait s'appeler Alisson
détroussé Alice sur le lit du fils de Bérénice
récupéré au bureau mes fringues découpées en morceaux par les ciseaux d'Akiko
Couru le marathon de New York pour les beaux yeux de Zoé
et fini par épouser sa soeur
J'en oublie certainement je crois les avoir toutes aimées
J'en oublie certainement je sais les avoir toutes loupées
aucune d'elles n'est restée. 

 

Charles Brun, paroles, paroles et paroles

1 commentaire:

  1. Quel bourreau des coeurs... Elle va encore faire la gueule... Tu le sais bien pourtant... On dirait que tu fais exprès...

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