- C'est dingue, ça ! Tu as entendu ?- Oui, mais c'est connu...- Que les hommes déprimés avaient une espérance de vie supérieure de 6 ans... ?- Les hommes diplômés !- Ah... J'avais cru entendre Les hommes déprimés... Je me disais aussi...
- Tu sais ce qui m'inquiète ?
- Que tu n'es pas diplômé ?
- C'est vrai, je serais plutôt déprimé... Non, ce qui m'inquiète...
- ...C'est que je devienne sourde ?
- Non, je me demande comment tu écoutes les infos...
- Comme tout le monde...
- C'est bien ce que je dis.
- Tu m'as dit que j'écoutais les infos comme tout le monde ? J'ai pas entendu ça...
- Parce que je ne l'ai pas dit.
- Tu as dit quoi, alors ?
- Le tu était un on.
- Quoi ?
- On écoute les infos de manière distraite...
- Tu sais bien que je peux ne rien entendre, ne même pas m'apercevoir que la radio est allumée...
- Je ne parlais pas de ça.
- Ben, si. J'ai bien écouté là.
- OK. Mais je me disais que ta confusion entre diplômés et déprimés devait certainement, sans aucun doute même, être exemplaire.
- Exemplaire de mon autisme ?
- Tu n'es pas autiste, n'exagère pas. Exemplaire de comment on s'informe en général. On croit entendre, comprendre des trucs alors qu'il est dit tout autre chose. Parce qu'on est occupé à autre chose, à faire la vaisselle par exemple...
- Je ne comprends rien à tes trucs et à tes choses. Et la vaisselle, c'est toi qui est en train de la faire.
- Tu as relevé une info seulement parce qu'elle t'a surprise, amusée.
- Ben oui, c'est drôle, cette histoire de dépressifs à l'espérance de vie supérieure.
- Oui, mais elle est fausse. Tu as mal compris.
- Oui, j'ai bien compris.
- Mais si tu n'avais pas trouvé ça amusant, tu aurais enregistré une information fausse.
- Ce n'est pas grave puisque tu ne cesses de dire que les infos sont fausses, incomplètes...
- Qu'il ne faut pas se contenter de ce qu'on nous raconte, en tout cas.
- Ben oui, mais les gens s'informent comme ça, par manque de temps, de curiosité, pour ne pas être déprimés.
- Et vivre plus longtemps ?
- Oui, voilà. Pourquoi faudrait-il tout savoir ?
- Il n'est pas question de tout savoir, mais de ne pas avaler trop de couleuvres.
- Lesquelles par exemple ?
- Je ne sais pas. La croissance, les rivalités droite-gauche, la réforme du code du travail...
- Je n'y comprends rien, de toute façon.
- Raison de plus pour ne pas accepter de tout avaler.
- Explique-moi.
- Je risque d'être en retard au travail si je commence.
- L'autre fois, sur ton blogue, tu parlais, ou tu faisais parler tes personnages de la crise à venir, suite à la dégringolade de la bourse chinoise, si je m'en souviens bien.
- Oui. Et alors ?
- Ben, j'ai rien entendu à la radio.
- Moi non plus.
- C'était un peu exagéré, alors...
- Toute fiction est exagérée. Certes, pas autant que la réalité. Car cette crise risque d'être bien plus violente que celle de 2008.
- Alors pourquoi on n'en parle pas, à la radio ?
- Je ne sais pas. Par manque de temps aussi, certainement. Pour ne pas affoler les auditeurs. Pour ne pas qu'ils aillent vider leurs comptes en banque.
- C'est pas le travail des journalistes ?
- Pourquoi joues-tu les naïves ?
- C'est sincère. C'est une responsabilité.
- Leur responsabilité, c'est de ne pas remettre en question un système économique, politique et médiatique qui leur permet de vivre.
- C'est effrayant...
- La vie est effrayante. Et la crise qui vient la rendra encore plus effrayante. Tu sais, les réformes sociales en cours visent à nous y préparer, et à nous faire tout accepter à l'avenir. Un avenir tout proche.
- Quoi ? Tu files en me laissant avec ces horribles prédictions ?
- Ma chérie, tant que j'ai un travail, mieux vaut ne pas le perdre en arrivant constamment en retard. N'oublie pas qu'il nous permet de ne pas mettre la maison en vente pour le moment...
- Ne dis pas des choses pareilles !
- C'est la vérité.
- Ça me fait penser à ton billet d'hier, ce dialogue dans le bus, ces gens à la rue, c'était affreux.
- C'est la réalité qui est affreuse. On est tous dans le même bus.
- Franchement, je ne sais pas pourquoi tu as appelé ton blog Nos consolations. On ne s'y console de rien. Tes lecteurs ne se plaignent pas ?
- Si j'avais fait autrement, je l'aurais appelé Nos France culture... Tiens, encore elle ?!
- C'est Angot ?
- C'est fou ! Tu vois, les journalistes préfèrent l'inviter de nouveau, 3-4 mois après la sortie de son dernier bouquin, sous n'importe quel prétexte, parce que, malgré son éternel charabia, qu'elle répète à l'envi, elle est plus facile à comprendre que ce qui se prépare. On met en marche et elle vomit le truc habituel qu'on aime et qui nous endort... A ce soir, ma chérie !
- Tu me consoleras quand tu rentreras ?
- Faudra que j'achète une bonne bouteille, alors !
vendredi 19 février 2016
Get On The Bus
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