samedi 31 octobre 2015

Sans lunettes


30 décembre

A 1 h 03 du matin l'odeur
d'un pet évoque les épousailles
d'un avocat et d'une tête de poisson
Il faut que je sorte du lit
pour noter ça sans
mes lunettes.
Richard Brautigan, Une Tortue à son balcon
trad. : Frédéric Lasaygues, éd. L'incertain

vendredi 30 octobre 2015

Ciao l'artiste !




Charles Level a autour de 28 ans lors de cette émission de 1962. Il y fait le malin, cherche son style, se rêve en crooner à la française... Erreurs de jeunesse : ce sont d'autres qui interpréteront le mieux ses compositions. Son plus grand succès, il le doit à Annie Cordy qui vendit 3 millions d'exemplaires de La Bonne du curé... (je vous épargne la vidéo)
Charles Level vient de tirer sa révérence à 81 ans. 


Libération




vendredi 23 octobre 2015

Pourquoi (en noir et blanc) ?


Ecoutez la déférence


Alors que nous n'avons jamais été aussi abreuvés d'infos, connectés à vie via tous nos écrans sur les chaînes en boucle, les sites d'actus, et les réseaux sociaux se plaçant désormais également sur ce terrain, la question de l'information, de son traitement, de sa hiérarchisation, de la subjectivité de ceux qui en vivent, reste pourtant primordiale. 
Prenons l'exemple de la radio - s'offusquer des dérives de la télévision ou de certains journaux étant devenu trop facile - avec la station du service public la plus écoutée (les gens sont fous !), France Inter, classée à gauche paraît-il. Pour bien prendre la mesure des enjeux, on se reportera à l'observatoire des médias, Acrimed (on ne louera jamais assez ce colossal travail bénévole) et à son dossier édifiant, constitué ces dernières années, sur cette station dont le slogan fut jadis, les plus anciens s'en souviennent, "Ecoutez la différence"...

jeudi 22 octobre 2015

On en est donc là


Un prétendu ami, qui insiste pour que j'ouvre un compte InstaBook, afin de mieux comuniquer avec moi – le salaud – m'envoie la dernière campagne faisant fureur sur ce type de réseaux sociaux. A la veille de mes 52 ans, je me sens très vieux, rêve d'île déserte, ne comprenant décidément rien à ce qui meut mes contemporains et motive leur soumission volontaire, hystérique et souriante au diktat des multinationales de la communication et du rafraîchissement sucré.



Une jeunesse ringarde

Les traces sur le sable…

¡ Feliz cumpleaños, Federico !



lundi 19 octobre 2015

T'as dit quoi ?

Hanif Shoaei

Scut toujours !

Content d'un rien, mécontent de tout.
 
Cieux et enfers ! Faites que ma pauvre cervelle cesse enfin de labourer à vide et de me torturer.

Il n'est pas d'oraison valable.  

N'entrez point par la grande porte et ne courbez l'échine pour entrer par la petite. N'entrez pas.

Les plaisantins font des farces pour voiler leur détresse. Vous le savez bien, on ne l'a que trop dit, et que les tristes sont des optimistes masqués.

jeudi 15 octobre 2015

Des fourmis sur la lune


La Chute de Madrid de Rafael Chirbes passe en revue divers personnages emblématiques et en crise, à une date symbolique, le 19 novembre 1975, jour où sera enfin annoncée la mort de Franco : un vieil industriel, et sa famille, ayant bénéficié des largesses du régime franquiste, un flic catholique et obsédé par une entraîneuse, des étudiants gauchistes, une femme de ménage "miraculée", des activistes clandestins… C'est au sein de ce dernier milieu que se tient le dialogue suivant, entre un jeune ouvrier idéaliste, Lucio, et un avocat opportuniste, Taboada :
Deux ou trois fois par semaine, il retrouvait Taboada : « Vous n'êtes rien, vous ne serez rien. Tant que Franco vivra, il y aura une classe ouvrière et les intellectuels se serviont de vous pour faire leur trou. Après, la classe ouvrière sera rayée de la carte. Tu entends parler de classe ouvrière aux Etats-Unis ? Carrillo écrit des livres, Semprún écrit. Au fond, ce ne sont que des intellectuels. Et c'est ce qui restera de votre lutte si vous ne gagnez pas. Ce qui ne sera pas écrit n'aura pas existé et ce qui a existé, ce sont eux qui l'écriront. Alors tu m'as compris, dans quelques années, vous n'aurez jamais existé. Ton passé, je me l'inventerai sur mesure selon mes besoins. Ta lutte sera la médaille que j'accrocherai à mon revers. Ta faim, tes quignons de pain, tes mois de prison, à peine trois, non ? pas grand-chose, feront partie de ma biographie, parce que ces années, c'est moi qui les écrirai, si je survis et si je rejoins ma classe. Ce seront des gens comme moi qui les écriront, et nous vous les prendrons, je te les prendrai, et tu ne pourras rien faire contre. L'histoire appartient à ceux qui savent qu'elle existe. » Lucio était furieux contre lui mais lui répondait, goguenard : « T'en fais pas, on va l'allumer, ton grand brasier. On brûlera vos livres et on vous brûlera avec. » Et Taboada : « C'est impossible. Il en viendra d'autres qui raconteront que c'est eux qui ont brûlé ce que vous avez brûlé, ou qui sauveront des cendres ce que vous avez détruit et retaureront tout ça. Rien. Toi et ceux de ta classe, vous avez travaillé pour que j'aie un passé. Dans l'avenir, vous ne serez plus qu'une armée de fourmis à la surface de la lune. Tu as vu les tableaux de ton ancien camarade Genovés ? Ces foules faites de petits points noirs, on dirait qu'elles courent dans une direction, ou qu'elles se dispersent ? C'est vous. Vous, cette débandade de silencieux microbes examinés à la loupe. Nous, nous raconterons à quoi vous avez échappé et vers où vous couriez. »
(traduction de Denise Laroutis, éditions Rivages)

lundi 12 octobre 2015

Venez faire la fête !


Afin d'échapper à la morosité ambiante, aux fausses questions et à la marchandisation culturelle, nous venons de créer un festival littéraire pas comme les autres. La première – et unique ? – édition se déroulera en région parisienne, au printemps prochain.
Le thème principal de cette manifestation sans pareil – à notre connaissance : les livres non écrits.

Tous les genres sont appelés à participer : romans, nouvelles, poésie, polars, essais philosophiques, sociologiques ou historiques, (auto)biographies…

Au programme : rencontres, débats, lectures, signatures, bons vins et jolies filles…

Un non règlement est en cours d'élaboration, mais d'ores et déjà, les personnes se sentant concernées peuvent faire acte de candidature par courrier électronique à l'adresse de ce blogue (tousalamanif@gmail.com).
Quelques lignes suffisent pour vous présenter en tentant de répondre à cette question primordiale : pourquoi n'écrivez-vous pas ?

Bonne chance à tous.



vendredi 9 octobre 2015

Après la mort



Depuis trois jours, je marche sans canne. Et, à mon grand étonnement, je n’ai pas peur. C’est le chien de ma sœur qui m’a redonné confiance. Je vois ça comme ça. Elle me l’a confié, j’ai bien compris, pour que je me sente moins seul. Enfin, c’était surtout pour me forcer à sortir de chez moi. Et elle a gagné. Je ne l’ai pas remerciée. Je ne  sais pas si je dois le faire. Ces derniers mois, je me laissais aller. Et enfermer. Je m’étais remis à la picole, je pouvais passer des journées entières sans me lever, sans mettre le nez dehors. Pourquoi je serais sorti ? Pour voir leurs gueules à tous ces cons ? J’avais l’impression que j’avais eu ma dose. J’en ai vu du monde. J’ai toujours été parmi les hommes. Ma sœur aimerait aussi que je me coupe les cheveux, mais ça, non, c’est ma personnalité, ma marque de fabrique. Je me renierais si je le faisais. Du temps de ma splendeur, les filles adoraient mes cheveux longs. Qu'est-ce que j’en ai tombé. Ça défilait à l’époque, je peux te dire. Il y en a une qui est restée un peu plus longtemps. La seule qui s’est accrochée. Tiens, je n’avais jamais fait le rapprochement, c’est bien de parler, ça faisait longtemps. Je pensais accrocher et décrocher. Elle, Daphné, elle s’appelait, c’est la seule qui s’est accrochée pour essayer de me faire décrocher. Elle et ma sœur, mais bon, ma sœur, ça ne compte pas, elle a toujours été là, comme je te disais. Ça te dérange pas si je te tutoie, tu m’es sympathique. Et puis tu pourrais être mon fils. Que je n’ai jamais eu. J’ai jamais voulu en avoir. Une fois, j’ai failli, par accident mais la fille, tiens, je ne me souviens plus de son nom, elle a décidé de ne pas le garder, vu la vie que j’avais. Isabelle, peut-être. Les filles de cette génération s’appelaient toutes Isabelle. Ça se porte encore, non ? Oh, j’en sais rien, à vrai dire, je suis un peu coupé du monde depuis des années, depuis mon accident. Cinq mois d’hosto, quatre opérations. J’ai remarché qu’au bout d’un an et demi. Et là, depuis trois jours, plus de canne. A cause du chien. Je tiens la laisse et ça me rassure. Il est pas méchant, pas difficile. Je le sors quand je veux. Quand j’oublie, il se met devant la porte et je comprends. Ça devait faire un mois et demi que je l'avais quand j’ai décidé de laisser la canne à la maison. Au début, je la prenais. Mais c’était pas commode. Des fois, ce con, il tire, quand il voit un autre chien ou un truc à bouffer, et avec la canne, c’est dangereux. Et puis, je te dis, depuis trois jours, je marche. Evidemment, pas comme avant, mais sans la canne. Avant, j’étais un athlète. Je n’avais pas le corps d’aujourd’hui. Tu ne m’aurais pas reconnu. Un peu comme, tu sais, cet acteur de Scorsese, dans Taxi Driver. Keitel je sais pas quoi. Ben, j’étais comme ça, avec mes cheveux longs, torse nu, des pantalons un peu larges, du genre treillis, fallait pas me chercher. Je te dis, les filles étaient folles. J’étais un leader. J’avais toute une bande avec moi, on en a fait des conneries dans ces années-là. J’ai jamais travaillé. Sauf à la fin. Je dis la fin, mais je suis encore vivant, plus que jamais, plus que ces dernières années en tous cas. L’héro a tué tout ça. Mais je regrette rien. Je me suis bien marré. Je me suis éclaté, comme t’as pas idée. Je me suis piqué durant plus de dix ans. J’ai tout essayé. Ce que j’aimais, par-dessus tout, c’est être dans une chambre avec une fille, ou même seul, avec un bon disque de jazz et planer des heures entières. Le jazz, qu’est-ce que j’ai aimé ça. J’aurais aimé savoir jouer d’un instrument. Mais à l’époque, la mode, c’était le rock, la pop, évidemment, j’en ai écouté, j’en ai fait des concerts, mais ce qui me faisait vraiment triper c’est le jazz. Lester Young. Miles. Ornette Coleman. Chet Baker…  J’ai plus mes vinyles. Des microsillons on disait de mon temps, des 33 tours. J’ai tout perdu. Mes bouquins aussi. Ce que j’aurais aimé, c’est écrire. Mais j’avais pas assez de discipline. J’ai écrit un peu de poésie. Mais les textes plus longs, un roman, ou même une nouvelle, j’y suis jamais arrivé. Je tenais pas plus d’une heure assis devant une machine à écrire, trop dispersé dans ma tête. Je trouvais tout nul. Il fallait que je sorte, que je retrouve mes potes, qu’on s’arrache la gueule, qu’on se fasse sauter la tête. J’ai frôlé la mort souvent. Pas seulement avec cet accident dont je t’ai parlé. Le Sida, j’en ai vu des copains, des filles en crever. Pas moi. Je suis passé à travers. C’est un miracle. On faisait pas gaffe à l’époque. On se refilait les seringues, y’avait aucune hygiène. Bibi et Keith Richards, même combat. Je ne crois pas en Dieu. Mais en repensant à ça, je me demande si je n’ai pas eu un ange gardien. Il m’a quitté depuis un moment, je dois dire, mais tant qu’il était là… Notre époque, les mecs comme moi, les rêveurs, les utopistes, comment on pourrait dire, les marginaux, elle les élimine sans pitié. Tu sais quand j’ai tout perdu, je me suis retrouvé à dormir dans le bois de Vincennes. Là, j’ai découvert un autre monde. J’ai compris comment la société gérait l’exclusion, tout y est organisé. On nous file une tente, des toilettes sont aménagées, c’est dans le sous-bois, à l'abri des regards des promeneurs. Là, on est tolérés. En centre-ville, on fait tache. On ne nous accepte pas. Pourtant, j'ai connu comme ça des types formidables ! C'est encore pire aujourd'hui, sans aucun doute, ce monde me dégoûte. Moi, c’est ma sœur qui m’a sauvé. Elle m’a retrouvé, ça faisait des mois que je vivais là. Elle s’est occupée de tout : mon dossier pour un logement, un RMI, RSA aujourd’hui, des aides, j'ai eu un petit boulot de jardinnier, employé municipal, et puis, l'accident, et voilà, depuis, je vis dans un studio à 58 balais, j’ai l’air d’en avoir 80 des fois, mais je regrette rien. Sans ma sœur, je crois que je serais plus là. Y'en a qui ont pas eu ma chance. Faut que la remercie pour le chien. On en reprend une autre ? C’est le Ministère de l’exclusion qui paie sa tournée !

lundi 5 octobre 2015

De la consolation à écouter


Subjuguée par le succès invraissemblable de ce blogue, Adèle Van Reeth  s'est résolue à prendre le train en marche et consacre toute la semaine des Nouveaux chemins de la connaissance sur France culture au thème de la consolation. De Schopenhauer à Hugo en passant par Nietzsche et la maladie, c'est à écouter en direct à 10h ou en podcast ici. Sacrée Adèle…

samedi 3 octobre 2015

Grosse fatigue

 

- ...vous avez la malchance d'avoir une sexualité anormale pour votre âge, excessive, avec des organes qui sont, eux, normaux, et qui font les frais de votre libido. Combien de temps dure en moyenne chaque rapport avec votre partenaire actuelle ?
- Ce n'est pas une partenaire, c'est une femme que j'aime…
- Ça ne change rien du point de vue médical. Combien de temps à peu près ?
- Dix, quinze minutes, la première fois … Je n'en sais rien. Je suis totalement incapable de vous dire.
- La première fois ? Il y a une deuxième ?
- Pour elle seulement.
Il parut ahuri.
- Qu'est ce que vous voulez dire ?
- Je veux dire que j'arrive parfois à bander une deuxième fois pour elle mais que je n'arrive plus à jouir.
- De la folie. De la folie pure et simple. Vous creusez votre tombe. Vous vous rendez compte de ce qu'ils prennent, votre prostate et vos vaisseaux sanguins, quand vous limez pendant une heure comme une scie mécanique ? Ce sont des méthodes nazies, monsieur. Et vous vous faites sucer, naturellement.
- Jamais. Au grand jamais. Je ne me "fais pas sucer". Je ne donne pas d'ordre. Putain de merde, docteur, excusez cette expression, puisque vous êtes un ancien médecin militaire, je n'ai jamais dit à une femme "suce-moi". Jamais.
- Ouais, ouais, mais quand elle le fait spontanément pour vous forcer à rebander, vous ne refusez pas ?
- Évidemment que non.
- Et vous vous rendez un peu compte à quelle épreuve sont mis vos organes pendant l'opération, lorsqu'ils n'en peuvent plus et qu'elle les force ? La fellation peut évidemment être utilisée comme une caresse dans le cours normal de l'étreinte, mais certainement pas comme une méthode de réanimation. Quand je vous dis que vous creusez ainsi votre tombe…
- La tombe ne me fait pas peur, au contraire, à condition d'y arriver en pleine possession de mes moyens.
- Et bien sûr, il vous arrive de finir comme ça, oralement. A partir d'un certain âge, la fellation tue deux fois plus vite que l'acte normal. C'est un choc terrible pour le système nerveux et le cerveau, et ses rapports avec les attaques d'hémiplégie sont bien connus. Vous avez des troubles de la mémoire ?
- Oui, de plus en plus souvent. Je fume trop.
- Vous fumez peut-être trop, mais vous vous faites trop fumer aussi.

 

Romain Gary, Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable


vendredi 2 octobre 2015

Avant la mort

Paul Strand via Kvetchlandia via pop9

Vive le feu !

 

Juste pour dire que je viens d'apprendre, un peu par hasard, que l'ami Sébastien Fontenelle, qu'on m'avait dit réfugié sur Twitter, a repris du service - pour combien de temps et avec quelle régularité, ça on ne sait pas... - du côté de Vive le feu ! 
C'est donc avec un peu de retard, mais une grande joie que je mets ce lien vers un billet du 5 septembre dernier, qui se passe de commentaires.

jeudi 1 octobre 2015

Avec opinion

Après lecture du billet Sans opinion, un égaré et étrangement fidèle du blog m'apprend l'existence d'un frère rappeur, l'1consolable… Que je vous laisse découvrir (pour ceux qui comme moi…)
Ça date un peu. De nouveaux modèles sont apparus depuis, plus performants et plus chers, et donc plus indispensables. Mais l'idée est là…





Pas con, ce chômeur inconsolable a également mis Brassens en rap (gare aux puristes !)

Partir

Piet Zwart

Je me souviens d'un entretien avec Georges Simenon dans The Paris Review. Il y affirmait qu’en tant qu’écrivain, il avait dû affronter deux problèmes dans sa vie. Le fait que nous soyons des millions de personnes sur terre mais que la communication véritable s’avère impossible entre deux de ces personnes, était le premier. L’autre était la fuite. Changer totalement de vie en deux jours, sans tenir aucun compte de ce qui s’est passé auparavant, aller vers le néant…
Juan Tallón, El Váter de Onetti



Quand il avait décidé tout à l'heure… Mais non, il n'avait rien décidé ! Il n'avait rien eu à décider. Ce qu'il vivait n'était même pas tout à fait nouveau. Il avait dû y rêver souvent, ou y avoir tant pensé qu'il avait l'impression de gestes déjà faits.
Georges Simenon, La Fuite de Monsieur Monde

Liberté d'expression, mon cul !

Certes, on pouvait s'attendre à pire réquisitoire. Mais 8 mois requis par le procureur de Turin à l'encontre d'Erri de Luca, ce sont 8 mois de trop. 
On se souvient que la plainte contre l'écrivain fut déposée par une société publique franco-italienne, domiciliée à Chambéry, en charge du projet du TAV, le TGV Lyon-Turin. De Luca, fortement opposé à ces travaux appelés à défigurer toute une région, avait prononcé au cours d'un entretien un mot interdit, celui de sabotage. Il a toujours affirmé que l'usage de ce terme l'avait été au sens figuré, que derrière cette idée pouvait se lire, s'entendre le recours à la grève, la mauvaise application d'un ordre, l'obstructionnisme parlementaire, une résistance civile. Un petit livre édité chez Gallimard, La Parole contraire, détaille les arguments linguistiques. 
Il est possible que la mobilisation autour de la figure de l'écrivain-alpiniste ait atténué le réquisitoire. Elle est réactivée sur le site www.soutienaerrideluca.net
En attendant le verdict du 19 octobre prochain, 47 militants anti-TAV ont déjà été condamnés à des peines de prison ferme tandis que 200 militaires protègent le chantier en cours, comme en temps de guerre dans toute bonne démocratie.