Certes, on pouvait s'attendre à pire réquisitoire. Mais 8 mois requis par le procureur de Turin à l'encontre d'Erri de Luca, ce sont 8 mois de trop.
On se souvient que la plainte contre l'écrivain fut déposée par une société publique franco-italienne, domiciliée à Chambéry, en charge du projet du TAV, le TGV Lyon-Turin. De Luca, fortement opposé à ces travaux appelés à défigurer toute une région, avait prononcé au cours d'un entretien un mot interdit, celui de sabotage. Il a toujours affirmé que l'usage de ce terme l'avait été au sens figuré, que derrière cette idée pouvait se lire, s'entendre le recours à la grève, la mauvaise application d'un ordre, l'obstructionnisme parlementaire, une résistance civile. Un petit livre édité chez Gallimard, La Parole contraire, détaille les arguments linguistiques.
Il est possible que la mobilisation autour de la figure de l'écrivain-alpiniste ait atténué le réquisitoire. Elle est réactivée sur le site www.soutienaerrideluca.net.
En attendant le verdict du 19 octobre prochain, 47 militants anti-TAV ont déjà été condamnés à des peines de prison ferme tandis que 200 militaires protègent le chantier en cours, comme en temps de guerre dans toute bonne démocratie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire