Attends, tu vas pas m'emmerder avec ta trouille de te faire entuber de nouveau par voie anale. C'est rien, ça. Et ça se trouve, tu vas finir par aimer... On s'en jette un dernier ou c'est pas conseillé avec ton traitement ? Attends, tu ne peux pas connaître pareille humiliation médicale que ce qui m'est arrivé. Je ne te l'ai jamais raconté parce que j'en ai encore honte aujourd'hui. C'était l'hiver dernier, pendant les fêtes de fin d'année, entre les deux réveillons. Un matin, en prenant ma douche, je remarque une grosseur sur la bite. Pas un petit bouton comme il arrive parfois, non, une excroissance. Un truc que j'ai jamais eu. Le soir, c'était encore là. Et ça avait une drôle de couleur. Où j'étais allé me mettre encore ? Le lendemain, pareil. Evidemment, mon médecin était en vacances. Tu sais que je n'ai pas de mutuelle, alors, je décide d'aller au dispensaire de mon quartier. C'est pas très excitant d'aller montrer sa bite au premier venu, mais bon, j'en ai vu d'autres, et elle aussi. J'attends deux-trois heures parmi toute la misère humaine, les sans-dents de Hollande, tu vois ?, je m'aperçois que j'en fais partie. Finalement, je vois un médecin qui fait une drôle de gueule, et me prescrit une échographie, il n'a jamais vu ça. Tu peux imaginer dans quel état je ressors. Alors, passer une échographie, en temps normal, c'est déjà la croix et la bannière, mais en période de fêtes... Je te passe les détails, j'obtiens un rendez-vous dans un hôpital dans le fin fond du 15e, la veille de la Saint-Sylvestre. Là, on me colle dans une cabine en me disant de me foutre à poil. T'es là, t'attends comme un con qu'on vienne te chercher. A poil. Finalement, après un bon quart d'heure, la porte s'ouvre et t'as un médecin, avec deux éudiants et tu dois leur montrer ta bite et son excroissance. T'es pas très fier. Le mec me dit qu'il faut bander pour l'échographie. Il n'est pas mal, mais pas mon genre. Heureusement, il me sort une piqûre avec un produit censé te filer une érection. Il me pique le sexe, je déguste, tu imagines... On me file une blouse et on me dit d'attendre dans le couloir. Et effectivement, après deux-trois minutes, je bande. Et j'attends, à poil sous ma blouse, la queue en l'air. J'attends dix minutes, un quart d'heure, une demi-heure... Je ne vois personne. A part un des deux stagiaires et une infirmière qui passent en se marrant quand ils me voient. Je retourne dans la cabine et je frappe à la porte donnant sur le cabinet du médecin. Rien. Je reviens dans le couloir, aperçois le médecin et le mec tire une gueule désolée. Une urgence, ils n'ont pas pu me prendre avant. Il me demande si j'ai débandé. Ben ouais, après trois quart d'heure, même avec la meilleure intention... Si encore, ils m'avaient laissé en compagnie d'une infirmière ou d'un stagiaire. Il va falloir reporter l'examen. Il ne peut faire une deuxième piqûre dans la même journée, c'est trop dangereux pour la santé. Et là, j'ai explosé. J'étais avec ma petite blouse, debout dans ce couloir, les fesses à l'air, et j'ai piqué une crise, je lui ai dit qu'il était hors de question que je revienne, que je ne bougerai pas de là tant qu'il ne ferait pas cette échographie, que je voulais une nouvelle piqûre, j'étais prêt à signer une décharge - si j'ose dire -, je l'aurais tué ! Bon, finalement, à contrecoeur, il me fait une autre piqûre, moins dosée et me fait l'échographie. Il voit rien. Me demande d'attendre, cette fois rhabillé. Résultat, il ne sait pas, ça partira tout seul, comme c'est venu. Et effectivement, une semaine plus tard, il n'y avait plus rien. J'ai pu reprendre mes sorties, et je peux te dire que j'ai mis les bouchées doubles. Je suis sûr que tout va bien se passer pour toi aussi. Sinon, tu te souviens, dans ce film de Podalydès, le dialogue entre deux vieux acteurs. Ils parlent de leurs soucis de santé, prostate et compagnie. Et l'un d'eux conclut : après 50 ans, quand tu te réveilles le matin et que tu n'as aucune douleur, c'est que t'es mort ! Bon, on s'en reprend une ?
ma voisine Denise, sûr, elle ne connaissait pas Podalydès, disait ça aussi "le matin quand je me réveille et que je n'ai mal nulle part, je me demande si je suis encore vivante" je pense de plus en plus souvent à elle
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