Hier soir, ma fille aînée, celle qui passe son bac cette année, me racontait une aventure qui l'avait beaucoup amusée. Elle concernait son copain Maxime, un grand black gay pour qui tout le petit groupe de potes s'était sérieusement inquiété il y a quelques mois. A 16 ans, le pauvre garçon qui découvre la vie, la sexualité, l'amour, apprenait qu'il était séropositif après avoir repoussé à maintes reprises l'épreuve de l'effrayant test. Même si, aujourd'hui, on ne meurt plus aussi sûrement lorsque le virus se déclare dans l'organisme, être confronté à cet âge à la maladie, à la perspective de la mort, ça vous flingue tout de même un peu votre jeunesse. Mais Maxime, après une histoire brisée par les sales résultats des examens, a repris ses habitudes et notamment celles de la drague. Il existe depuis quelques années une application pour smartphones, site de rencontres en mouvement qui indique à tout adhérent la présence dans un périmètre déterminé d'un autre membre du club. La communauté gay a servi de cobaye pour ce genre d'innovation technologique. Les résultats ont dû être probants et désormais le même type de logiciel existe pour les hétéros. C'est aujourd'hui la meilleure méthode pour faire des rencontres rapides, le plus souvent limitées au cul, mais il faut vivre avec son temps et laisser sans regrets aux plus romantiques, aux plus vieux, les histoires de sentiments et les bouquets de fleurs des premiers rendez-vous.L'autre jour, au lycée, alors que la petite bande de Maxime était en salle de perm', leur ami est alerté par son téléphone intelligent de la présence à quelques mètres d'un membre du club anonyme. Effervescence au menu. On cherche autour de soi et on ne voit pas qui pourrait correspondre au profil affiché. Après quelques minutes, ça s'éclaire ! La salle de perm' est située juste en dessous de la salle des profs ! On fait alors la liste des enseignants potentiellement gays et tout le monde s'accorde sur un prof de physique, manquant d'autorité et passant son temps à gueuler de sa voix effiminée pour obtenir le silence des élèves. Passée l'excitation de la révélation, il n'y a aucun doute. Dans l'après-midi, nouvelle alerte portée par le petit écran de Maxime alors que passe dans le couloir le fameux suspect qui, croisé un peu plus tôt avait jeté au petit groupe un drôle de regard. Il est vrai que Maxime a illustré son profil d'une photo…Alors que ma fille me raconte tout cela, effectivement amusant, je pense à ce prof, déjà certainement l'objet de moqueries et désormais affiché gay en chasse par manque de prudence. A ce que signifie dans nos vies l'absence définitive d'une frontière entre vie privée et vie publique, à l'instantanéité de rencontres souvent sans lendemain, tous ces vastes débats de société inévitablement revisités avec ce genre d'anecdote. Lorsque ma fille rajoute que c'est encore plus drôle si l'on tient compte de la description que le prof donne de lui-même et de ses préférences sexuelles mais qu'elle ne peut décemment pas raconter à son père. Je la remercie de sa délicatesse et plains sincèrement ce pauvre enseignant désormais confronté aux railleries avisées et documentées des gamins. Heureusement, les vacances scolaires sont arrivées, le bac blanc approche et les esprits convergeront certainement vers d'autres matières et préocupations moins marrantes…
En physique on étudie les lois de l'attraction...
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