Une amie scénariste, formatrice dans une école d’écriture audiovisuelle, me racontait hier qu’un de ses élèves, le plus brillant d’entre tous, venait d’être embauché dans une boîte de production de cinéma.
- Super, je suis content pour lui. Tu m’as dit qu’il avait beaucoup de talent.- Il n’est que stagiaire.- Ah…- Payé 300 euros par mois.- Bon, c’est un début.- Il a plus de trente ans.- Il n’y a pas d’âge pour débuter.- Son principal boulot, c’est de lire des scénarios.- C’est bien, ça. Il fait des fiches de lecture, ce genre de choses...- En fait, son rôle est de trouver la raison de dire non.- Comment ça ?- Il lit les scénarios pour trouver, dans le texte, de quoi alimenter les refus.- Il y a bien des scénarios qui s’imposent par leur force, leur originalité, quand même !- Il est chargé de tous les refuser.- Je n’y crois pas.- C’est pourtant la vérité. Ils n’ont pas besoin de projets. Ils ne travaillent qu’avec leurs réseaux, les gens de la télé, des people, ceux qui ont la carte.- Ce n’est pas possible. Il faut toujours de nouveaux talents, être à l’écoute de…- ...Il n’est pas question de prendre de nouveaux auteurs que personne ne connaît. Leurs films seraient trop difficiles à financer, ça prendrait trop de temps, trop de boulot.- C’est quoi, cette boîte ?- Peu importe le nom de cette boîte…- Mais, il faut que ça se sache.- C’est une pratique répandue.- Ça ne peut que créer un cinéma consanguin…- On en est là. Je ne peux pas t'en dire plus. Tu foutrais ça sur ton blog, je te connais…- Moi ?!...
Les écoles d’écriture favorisent déjà le conformisme. Dans formateur il y a format.
RépondreSupprimerJe visite votre blog depuis quelques jours avec plaisir.
Merci pour le plaisir. Pour ce qui est du formatage, d'accord, mais il semblerait que le cynisme du système transforme également les apprentis scénaristes en apprentis censeurs...
RépondreSupprimerL'illustration colle bien ! Trop difficile à financer, trop de temps, trop de boulot. L'essentiel est donc l'argent, le boulot vite fait. Voilà les valeurs qui font aller une culture.
RépondreSupprimerOù va le pays déjà ?