Robert Doisneau |
Ils arrivent sur leur vélo et se dirigent vers la balustrade qui encercle la place. L’homme pose sa bicyclette puis s’empare de celle de la femme et d’un geste sûr la colle à la sienne. Elle le laisse faire, le regarde reconnaissante. Il vient se planter devant elle, les jambes légèrement écartées, genre Clint Eastwood avant un duel et l’enlace là, au milieu de la place. Elle passe une main hésitante dans son dos, à la base du cou, maladroite. Elle le dépasse pourtant d’une tête. Ses gestes à lui sont beaucoup plus sûrs. Il ne craint personne. C’est un homme d’expérience. Il sait parler aux femmes, il sait ce qui leur plaît. Ou est-ce la différence de taille qui le pousse à prendre fermement l’initiative, affirmant ainsi sa virilité ? Il l’embrasse dans le cou, prend son autre bras et le passe également autour de lui, s’attachant sa maîtresse. Elle se laisse faire. A son tour, elle oublie les quelques personnes présentes autour d‘eux. Ils veulent être seuls au monde comme dans la chanson. Elle le tient entièrement. Ils se serrent comme ça encore un moment. Il fait beau, il fait chaud. Heureusement ce petit air frais apparu durant la balade m’a évité une transpiration qui aurait été malvenue là. J’ai tenu le coup sur mon vélo, j’ai encore le corps d’un type de 25 ans. Elle n’est plus toute jeune, elle non plus. Elle ne m’a pas dit son âge, mais c’est une belle femme. Si toutes les rencontres pouvaient se passer comme ça. Un peu moins de 40, sûrement. Je lui propose encore quelques baisers, sa bouche est tellement agréable, son haleine encore fraîche malgré l’effort. Elle répond bien, elle en a envie. On va prendre un verre et je l’emmènerai dans le petit resto que j’ai repéré l’autre fois. J’espère qu’on y mange bien. J’aurais peut-être dû demander à Benoît. Tant pis, on verra. Ensuite, l’hôtel. Il la laisse choisir. Cette table isolée, près de la chaussée ou cette autre, à l’ombre sous le auvent ? Elle choisit la première option et il l’aide à s’asseoir. C’est lui qui commande, deux bières bien fraîches. La fille à peine partie, il repousse la table et colle sa chaise à celle de la femme qu’il peut ainsi continuer à toucher et embrasser. Ils trinquent, sont heureux. Il descend vite sa pinte et s’essuie la bouche du revers de la manche. Elle ne s’en offusque pas, ne le laisse pas paraître. Qu'est-ce qu'elle aime au lit ? Vais-je apprendre quelque chose avec elle ? Qu’est-ce qui se passe ? C’est cette bière ? J’ai bu trop vite ou quoi ? L'émotion peut-être. Je ne vais quand même pas la laisser là pour filer aux toilettes. Et puis, je n’ai jamais réussi à faire ça dans un lieu public. Putain, faut que je trouve un prétexte pour repasser à la maison, mais sans elle. Le portefeuille ? Non, elle va vouloir payer. Merde, pour une fois que je tombe sur une fille comme ça, je ne vais même pas réussir à remonter sur le vélo.
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