mercredi 20 septembre 2017

Le romanesque avant tout !

Marc Dugain en pleine promo


Samedi prochain, au sein du vénérable Théâtre des Bouffes du Nord à Paris, et dans le cadre du Festival du journal Le Monde, Rêver, se tiendra une rencontre exceptionnelle avec Marc Dugain, auteur, nous rappelle le quotidien du soir et des marchés, du célèbre ouvrage, « au succès fulgurant », La Chambre des officiers (300 000 exemplaires, 18 prix) et d’un nouveau roman de rentrée littéraire. Pour les non-parisiens, les malheureux qui ne trouveraient pas de places, les losers qui travaillent le samedi, et pour ses nombreux et fidèles lecteurs, Nos Consolations est en mesure de livrer en exclusivité les grandes lignes de cette conférence qui, à n’en pas douter, restera dans les annales de la littérature. Au moins. 

Votre parcours, Marc Dugain, est atypique. Né en Afrique, vous avez une formation d’expert-comptable, avez travaillé dans la finance, dirigé plusieurs entreprises, notamment dans l’aéronautique, et, dès votre entrée en littérature, avez connu un succès supersonique. Comme vous nous y avez habitué, votre dernier livre revisite l’Histoire, avec un grand h.
Tous mes livres sont hantés par l’Histoire, des événements tragiques, des personnages réels. Cette fois-ci, je reviens sur l’histoire du clan Kennedy, comme je l’avais déjà fait dans La Malédiction d’Edgar. Cette famille m'obsède, j'y vois une image de ma propre famille.

Un nouveau roman, donc, avec un titre visionnaire, Ils vont tuer Robert Kennedy.
Oui, je voulais qu’on comprenne immédiatement de quoi il s’agissait. Une sorte de titre-
pitch. Vous savez, c’est important, les titres, quand on est, comme moi, un écrivain de têtes de gondole. Notez bien que je n’ai rien contre les supermarchés. En tant qu’ancien entrepreneur – entrepreneur un jour, entrepreneur toujours –, ces grandes surfaces, l’argent que l'on y brasse, me font rêver – je suis en cela en parfaite adéquation avec le titre de votre festival ! (rires)

(rires) C’est très juste ! Mais revenons à nos petites affaires. Les Kennedy, ça fait donc encore rêver ?
Oui, et vendre ! C’est un peu comme Marilyn, les Beatles ou le Che. Des icônes des années 1960 – que tous les jeunes gens de ma génération, je m’en souviens comme si c’était hier, avaient en poster dans leurs chambres. Régulièrement, des émissions de télévision retracent ce qu’on peut appeler pour eux aussi, ces parcours atypiques, diverses publications paraissent également, et toutes connaissent un grand succès. Cela en dit long sur leur poids dans l'histoire des Etats-Unis et du monde... Je voulais apporter ma petite pierre à cet édifice. Et si possible, on ne va pas se mentir, en bénéficier, bien entendu. Mon précédent livre sur le sujet avait déjà bien marché. Je me suis dit pourquoi pas un autre, comme ces films franchise, Mission Impossible 1, 2, 3, 4, etc. (le cinéma, c'est important pour moi : n'oubliez pas que je suis également réalisateur !) Le premier livre évoquait John, celui-ci revient sur la personnalité de Bobby. Vous savez, il ne faut pas avoir peur d’introduire le monde de l’entreprise, celle du divertissement en l’occurrence, dans le sacro-saint univers de la littérature. Il faut vivre avec son époque, même si on en visite une autre. Bien sûr, derrière le titre, il y a un livre et dans ce livre, je dévoile quelques secrets au fil des pages.

Ce nouveau roman est un véritable brûlot. Vous n’hésitez pas à évoquer la mafia.
J’aime fouiller les faces sombres de l’Histoire, remettre en perspective. Dans Edgar, j’évoquais déjà la mafia ! Et la CIA ! Et le FBI ! C’est pareil ici. J’aime prendre des risques. Peu de gens ont parlé de complot à propos de la mort des Kennedy. Moi, je le fais. Rappelons que lorsqu’il est assassiné, Bobby s’apprête à remporter les primaires du parti démocrate. C’est comme si, chez nous, Emmanuel Macron avait été abattu lors de sa campagne triomphale aux présidentielles. Où serait-on aujourd’hui ? Qui peut le dire ? Qui, à part moi ? Eh bien, je vais vous le dire : nous nous retrouverions avec l’équivalent d’un Trump ou d'un Maduro !

Vous êtes un peu le Macron de la littérature.
J’accepte la comparaison. Emmanuel, qui est un ami, vient de la banque, de l’entreprise. Personne ne l’attendait là où il est aujourd’hui. Ce jeune homme dirige le pays comme une entreprise, mieux : comme une start-up. Son mouvement est dirigé par un conseil d’administration. C’est avec cette audace qu’il a su rassembler derrière lui des entrepreneurs, le monde de la finance, les médias, les politiciens de tous bords, et enfin les électeurs. C’est une force incontournable aujourd’hui. J’essaie de faire pareil en littérature.

Revenons à nos moutons.
C’est le cas de le dire (rires).

(rires) Dans votre roman, un personnage fictif, nommé fort justement Mark O’Dugain – faut-il y voir un double de l’auteur, comme chez Philip Roth ? Je laisse au lecteur le soin d’apporter une réponse – enquête sur les personnages réels. Ambiguïté permanente garantie. Comment avez-vous procédé pour construire votre texte ?
J’ai un Mac ! (rires)

(rires) Sacré Marc !
Trêve de plaisanterie... Mon personnage de professeur d'histoire contemporaine est d'origine irlandaise, d'où le O avec l'apostrophe. Et le K du prénom, aussi. Il est vrai que j'ai des origines irlandaises également et ça m'a bien aidé pour composer mon personnage : j'ai enquêté, longuement, je me suis documenté, aidé par toutes ces publications dont nous parlions à l'instant, par des amis journalistes, des historiens, des amis politiciens aussi, des agents secrets, et j'en ai fait une intrigue romanesque, shakespearienne, un nouveau chef-d'oeuvre qui fera date.

C'est la responsabilité de l'écrivain d'être crédible, tout en amusant la galerie – je veux dire, tout en étant un créateur, un grand créateur dans votre cas.
Oui, c'est même un devoir. Je connais trop bien les thèses complotistes pour ne pas tomber dedans. Moi, je suis surtout un artiste, un artiste-entrepreneur certes, mais un artiste. Et le public le sait. Le romanesque avant tout !



5 commentaires:

  1. Merci pour cette avant-première. Je vous sens en grande forme

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    1. Je vous en prie, cher Luc. C'est un plaisir de partager avec vous ces belles confessions en exclusivité - c'est que ce fut du boulot pour les obtenir en avant-première !

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  2. On s'y croirait. Mais dites-moi, tout petit déjà, n'aviez vous pas un certain ressentiment vis à vis des premiers de la classe et autres fayots ?
    Jules

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    1. Jules, vous savez bien que j'ai toujours aimé les winners, les donneurs de leçons, les m'as-tu-vu, les opportunistes et autres plastroneurs. Ils me fascinent...

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  3. Il est vrai que quand on aime on ne compte pas (sauf les à-valoir de temps en temps).
    J.

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