mercredi 6 septembre 2017

Désinscriptions incertaines

 
Rémy Soubanère





Je me ferais bien un petit ping-pong, moi.

Je ne comprends pas pourquoi ma soeur, qui possède pourtant un jardin agréable, des enfants sportifs, un chat agressif, et un frère comme moi, n'a jamais investi dans une table de ping-pong. C'est un mystère.

Mon type de femme : celle qui désire secrètement que je la regarde se rhabiller.
Soyons francs, vous avez sérieusement pensé pouvoir m'en tirer comme ça ?

Ne te fais pas remarquer, me répétait ma mère lorsque j'étais enfant. A plus de 50 ans, je peux dire, sans craindre la moindre objection, que j'ai toujours suivi à la lettre la consigne de ma mère, qui me reproche aujourd'hui de n'avoir rien fait de ma vie. Sur ce point aussi, je me sens obligé de la suivre. 

Vous ne pouvez pas vous imaginer. Du moins pas comme je vous imagine.  

Les imbéciles me fatiguent par leur mépris du silence.

Ah, si j'avais toujours gardé une gomme sous la main, j'aurais fait moins de ratures…

Pourtant chacun tue ce qu’il aime/Certains le tuent d’un oeil amer/Certains avec un mot flatteur/Le lâche se sert d’un baiser/Et d’une épée l’homme d’honneur… Impossible de me souvenir du reste de ce poème. Ni de son auteur.

A ce propos d'ailleurs, je cherche un bon dentiste.

Mon type de femme : celle qui n'a pas tout essayé pour me garder.

La convoitise attise la bêtise. 

Le plus exaspérant lors d'une insomnie est de ne plus pouvoir maudire la terre entière tant nous nous retrouvons alors terré dans notre propre geôle sans personne pour nous entendre.

Bien entendu, tout ce que je pourrais être susceptible d'inventer sera absolument vrai. J'en fais la promesse.  

C'est la lie, il n'y a pas plus bas, dit Richard. La classe politique est pourtant parvenue à tous nous intéresser, de près ou de loin, à cette mascarade permanente, ces numéros de prestidigitateurs, à nous enthousiasmer pour cette marche funèbre, légalisant ainsi carrières, salaires, corruption et détournements de fonds, laissant accroire, disons à un citoyen sur deux, qu'il vit en démocratie et peut voter comme il l'entend. Je me demande tout de même, Richard, si elle n'a pas trouvé en certains d'entre nous de dévoués complices.

Jusqu'à samedi dernier, j'étais persuadé de ne pouvoir jamais plus être attiré par une balançoire.

Vous ne croyez pas si bien entendre.

Tout est un peu comme ça, finalement.


Mon type de femme : celle qui s'embrase quand je l'embrasse.

J'avais allumé la radio en me rasant. Une journaliste essayait à l'antenne de mettre en relief les platitudes exposées avec aplomb et séduction facile par une femme venant de signer un livre. Je me demandai, en me coupant sous le menton, quel pouvait être ce piètre personnage dont la voix ne m'était pas familière. Je compris en me rinçant qu'il s'agissait d'un de ces auteurs de rentrée littéraire dont les productions, depuis la première, vantées par la presse unanime, se vendaient comme des savons et dont certaines avaient comme il se doit été primées. Il est bon que l'on nous rappelle parfois ce qui nous pousse à ne pas lire certains écrivains. 

Il va sans dire. Et sans écouter. 

Pourquoi en avoir fait un roman, me demandais-je en refermant ce livre dont les phrases fabuleuses se perdaient de personnages insignifiants en intrigues secondaires – et le contraire. 

Quand j'étais môme, je rêvais du jour où l'on me confierait la rédaction des blagues Carambar. Aujourd'hui, mon salut passera, je le crois, par l'utilisation que pourrait faire de mes Désinscriptions le concurrent avisé de Yogi Tea.

Mon type de femme : celle qui me fait rire et ne s'en offusque pas. 

Lorsqu'elle m'a soudain demandé conseil, j'ai compris qu'elle n'était pas mon amie. Si elle me connaissait vraiment, elle ne se serait jamais aventurée sur ce terrain. Alors, une heure durant, j'ai pu librement lui exposer mon point de vue. Je ne l'ai jamais revue.

Enfin un livre que je lis sans marque-page, tout s'inscrivant parfaitement en moi.

Donnez-moi une seule raison, je manque de place pour en accueillir davantage.

Ils sont toujours plus nombreux, s'affichant même avec fierté, ces sourires de connivence entre journalistes et irresponsables politiques.

Vous ne voulez pas, malgré la vétusté du décor, en rester là ?

 

Charles Brun, Textes inédits à voix basse


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire