Le brouhaha qu'en parlant les hommes
émettent est si discret et doué de tant
d'apparences et de dehors qu'on ne saurait
trouver deux semblables brouhahas : les uns
parlent gras comme roulement de pierres,
les autres mince, épandant une claire fange
ou de serviles fissures ; les uns prennent
l'allure de verts adolescents, d'autres celle
de putains ; certains, telles des barriques
emplies de merde dont aurait chu la bonde,
laissent le brouhaha sourdre lentement de
leur gosier ; d'autres s'épuisent à lui donner
plus grande onctuosité, et en ont les yeux
écarquillés ; d'autres le rendent agréable
au regard, mais il est au toucher plein
de ronces et de chardons ; d'autres le font
ployer comme un roseau dans le souffle
de leur pensée secrète et de leurs reins
fourbes ; et comment supporter cela ?
comment le passer sous silence ?
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