samedi 11 juin 2016

Sans espoir de salut


Le printemps capricieux comme une longue convalescence première partie, je tangue tango, j'ai cette musique dans la peau. J'erre du plumard au canapé avec ce que je fais passer pour une féline nonchalance tentant d'étouffer douleur et dépit au son de la voix de Susana Rinaldi. Personne n'a certainement mieux chanter qu'elle ces nostalgiques mélopées écrites par des hommes et contant les malheureuses amours des hommes – à l'exception de Eladia Blázquez, auteur et chanteuse, que la Tana n'a pas manqué de reprendre. 
Julio Cortázar confessait à son propos : «Je ne sais ce qu'il y a derrière ta voix. Je ne t'ai jamais vue. Tu es les disques qui hantent les nuits de cet arrondissement de Paris…» Il parlait du miracle de pouvoir renouveler ce genre ancien, évoquait l'art de la Rinaldi dans la mise à nu du corps souvent vulgaire du tango, sa capacité à recréer l'âme des faubourgs, la chronique des nuits d'amour, de ruptures, d'exil et de mort, un acte de pauvreté sans espoir de salut.  
Je flotte sur la toile et découvre ces images datant d'il y a quelques années. Combien de fois celle que l'on surnomme là-bas, à Buenos Aires, La Ritale (La Tana), née en 1935, a-t-elle interprété cette déchirante chanson de Gardel ? Peu importe, elle semble en effet la vivre et la réinventer en permanence. Dans cette mise en scène pour la télévision, soutenue par le ministère de l'Education argentin, Susana Rinaldi est entourée de Pablo Agri au violon, Daniel Falasca à la contrebasse, Juan Alberto Pugliano au piano, Mariano Cigna au bandoneón et Juan Carlos Cuacci, à la guitare et aux arrangements. Un régal de la Ritale.



Pour le plaisir, ce passage dans une émission de variétés des années 70, présenté par un autre exilé. Composé par Anibal Troilo et Edmundo Rivero, La Dernière cuite conte un pays toujours gris après l'alcool et des amours absentes.

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