Oh, je pourrais vous en raconter des histoires, des trucs invraissemblables, vous en reprenez une ? Je connais un type, un jeune gars qui fait des courts métrages. Il écrit son premier long. Il pense à Vincent Lindon. On sait comment ça se passe : sans casting, pas de financements. Par une comédienne, avec qui ils ont tous deux bossé, il réussit à obtenir l'adresse perso de Lindon, dans le 6e, bel arrondissement comme tu sais - tu m'excuses, moi, je tutoie après deux verres avec quelqu'un, et puis, tu m'as l'air sympatique. Bref, mon pote envoie le scénario à l'acteur, accompagné de son dernier court, histoire de montrer ce qu'il est capable de faire. Là-desssus, Lindon appelle mon pote. Situation assez exceptionnelle, tu imagines, qu'un acteur de son standing prenne son téléphone et appelle un jeune inconnu. Il lui dit que le projet ne l'intéresse pas, pas assez de présence pour son rôle, seuls les rôles principaux l'intéressent. Le type est hyper égocentrique, complexé par la réputation de sa famille, les éditions de Minuit, tout ça, lui il n'a jamais eu de reconnaissance vraiment dans son métier, il a faim, c'est un tueur. En revanche, qu'il lui dit, Lindon, ton court, cette histoire de vigile confronté à un dilemme moral, je me demande s'il n'y a pas quelque chose à faire, s'il n'y a pas matière à développer pour en faire un long. Mon pote est surpris, flatté, il va réfléchir, pourquoi pas et ils raccrochent. Il a le portable de Lindon maintenant et se dit que s'il fait un scénario de long avec le thème du court, Lindon, y'a des chances qu'il l'ait dans la poche. Et puis, le temps passe, plus de nouvelles de Lindon, mon pote tente de le rappeler, l'autre ne décroche jamais et ne rappelle pas. Et là, Festival de Cannes, cette histoire de vigile, le triomphe de Lindon, le discours de gauche... Oui, je sais, ça peut être une coïncidence, mais avoue que c'est troublant. Et puis, Lindon, dans un entretien raconte que ce film ne pouvait être fait par un débutant, qu'il avait besoin de travailler en confiance. Pourquoi éprouve-t-il le besoin de préciser ça ? Mon pote est abattu. Il ne sait pas quoi faire. Son projet de long a avancé, celui dont Lindon ne voulait pas, et il a peur d'ouvrir sa gueule et de se griller à jamais. On ne s'en prend pas à des gars comme ça sans assurer ses arrières. J'en ai entendu des histoires, j'en ai vu des trucs pas beaux à voir, à mon âge... La petite famille du cinéma, c'est pas des bobards. Tiens, je connaissais une fille, même cas de figure, premier scénario de long. Elle l'envoie à un producteur ayant pignon sur rue, qui la reçoit après lecture. Elle ne se sent plus. Le mec est charmant, mais lui dit que c'est pas pour lui, cette histoire de chorale. Un an plus tard, sort le film qui casse la baraque, sur une chorale, je te fais pas un dessin, certes un remake d'un film de l'Occupation, mais quand même, produit par ce producteur, je sais plus son nom mais c'est facile à retrouver. Troublant non ? La fille ne se démonte pas, appelle en vain la prod, envoie un courrier, prend un avocat. Une semaine après, elle est cambriolée et tu sais ce qu'on lui vole ? Pas ses bijoux, pas son écran plasma, pas même son ordinateur, non, juste son disque dur. C'est pas signé, ça ? La famille, je te dis. L'avocat de la fille se défile et lui conseille d'en faire autant. En face, ça ne rigole pas. Et ce producteur, il a déjà agi comme ça, sur un autre film, avec le même type de réponse, vol du disque dur. Dans les deux cas, aucun des jeunes réal n'a réussi a faire son film. Oh, je pourrais en raconter des histoires, mais personne ne me croirait. T'en reprends une ?
mardi 26 mai 2015
La goutte d'eau
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Ça fait froid dans le dos...
RépondreSupprimerLe type qui m'a raconté ça est injoignable depuis, et moi même, je ne me sens pas très bien...
SupprimerSi vous le voyez dites lui que je le crois... que le cinéma français est un fossile en putréfaction et que ses représentants sont des morts vivants déjà à moitié étouffés par leurs lauriers immérités.
RépondreSupprimerQuand Lindon a dit, la larme à l'oeil, que son prix à Cannes etait son tout premier (quelle injustice, n'est ce pas, cher public) , il a menti me dit une amie. Il aurait reçu le prix Jean Gabin il y a quelques années...Il faut reconnaitre a ce fils de la grande bourgeoisie parisienne d'avoir su exploiter à merveille un talent (certainement le seul dont il dispose) : celui d'avoir un physique de proletaire un peu particulier, celui du proletaire tel que se l'imaginent les bourgeois. Pierre L.
RépondreSupprimerMon cher Pierre, no comment : http://www.telerama.fr/festival-de-cannes/2015/vincent-lindon-le-confort-m-angoisse-j-ai-choisi-l-intranquillite,126237.php
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