mercredi 3 mai 2017

La femme du fils du poseur de briques


Un jour, j’ai sorti un livre et c’était ça. Je restai planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l’or à la décharge publique. J’ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait son énergie et était suivie d’une semblable et la vraie substance de chaque ligne donnait sa force à la page, une sensation de quelque chose sculpté dans le texte. Voilà enfin un homme qui n’avait pas peur de l’émotion. L’humour et la douleur mélangés avec une superbe simplicité. Le début du livre était un gigantesque miracle pour moi. J’avais une carte de la Bibliothèque. Je sortis le livre et l’emportai dans ma chambre. Je me couchai sur mon lit et le lus. Et je compris bien avant de le terminer qu’il y avait là un homme qui avait changé l’écriture. Le livre était Demande à la poussière et l’auteur, John Fante. Il allait toute ma vie m’influencer dans mon travail. 

Ces mots de Bukowski, extraits de sa préface à Demande à la poussière (déjà cités ici), j'en avais fait une dictée pour mes filles du temps que nous faisions ce genre de choses. Bien entendu, l'intention était grossière, le désir de leur transmettre mon amour pour Fante. Ça a marché avec la plus jeune qui d'ailleurs ne m'a toujours pas rendu le recueil de nouvelles, Grosse Faim. J'avais à peu près son âge aujourd'hui lorsque, collé toutes les semaines à Cinéma Cinémas, je découvrais l'existence de ce fils de poseur de briques italien. Les mois suivants, je dérobais tous ses titres dans les rayons de la Fnac. En revoyant ces images aujourd'hui, l'entretien rondement mené avec Joyce Fante, la nostalgique musique qui accompagne les photos de famille et la disparition de Bunker Hill et de ses rêves, je me demande si Fante aurait aimé ça. Quant à Bukowski, n'en parlons pas... Peu importe. Je boirai un coup à ta santé ce soir, John !




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