jeudi 30 avril 2015

Ya Basta !

C'est un temps à rester sous la couette. Ou à aller au cinéma. Si l'on choisit cette deuxième option, on peut cette semaine hésiter entre La connasse, Princesse des coeurs et Nos femmes - dont je vous épargne les bandes-annonces. 
On peut aussi chercher la salle projetant le film de Carmen Castillo, On est vivants, réflexion très personnelle sur l'engagement politique d'hier et d'aujourd'hui ici et là : Marseille, Mexique, Brésil, Saint-Nazaire... Au centre, la figure du philosophe militant Daniel Bensaïd, disparu en 2010 et son credo : « L’histoire n’est pas écrite d’avance, c’est nous qui la faisons. » Et il y a du boulot...




Nos Paradis


Un monde gagné par la technique est perdu pour la liberté.



mercredi 29 avril 2015

L'ennemi intérieur

Le metteur en scène au travail

Idées dangereuses



C'est au bien nommé Festival des idées dangereuses de Sydney que David Simon, l'auteur de Baltimore (éditions Sonatine pour la traduction française), à l'origine de la série Sur écoute (The Wire) a réagi aux émeutes qui secouent la ville.
L'Amérique est un pays complètement divisé en matière de société, d'économie et de politique. Il existe nettement deux Amériques. Je vis dans l'une d'elles, un immeuble de Baltimore appartenant à l'Amérique viable, un pays en lien avec sa propre économie, dans lequel ceux qui y sont nés peuvent envisager un avenir. Vingt blocs plus loin, il y a une Amérique totalement différente. Il est étonnant de constater le peu que nous avons à voir les uns avec les autres alors que nous vivons dans une telle proximité.
La suite, où il est question de Marx et du capitalisme, ici (in English)

jeudi 23 avril 2015

Aveux

La politique politicienne présente parfois des aspects purement comiques. Sur les réseaux sociaux espagnols, circule ces jours-ci une vidéo légèrement tronquée, mais à peine, images d'un discours de la secrétaire générale du Parti populaire, la droite traditionnelle issue du franquisme, engluée dans les affaires jusqu'au cou. Un lapsus qui confond le verbe "sacar" qui, couplé à la préposition "adelante", signifie "sauver" (sous-entendu le pays) et le verbe "saquear" qui, lui, signifie "piller", "mettre à sac" (sous-entendu le pays). Les images sont coupées avant la préposition "adelante" accentuant ainsi le lapsus. C'est de bonne guerre, d'autant que l'animale n'en est pas à son premier coup d'essai...


mardi 21 avril 2015

D'une certaine idée de la gauche


Donc le communisme, la gauche, l'extrême droite, tout ça, c'est blanc bonnet (d'âne) et compagnie, on s'en doutait un peu mais notre président a bien fait de nous le rappeler. Hors du PS, point de salut. 
On espère qu'un jour le PCF retienne la leçon et refuse à tout jamais quelque compromis que ce soit avec les amis de Valls et Hollande. Tout comme on attend qu'en Espagne, par exemple, Podemos fasse exploser l'alternance PP/PSOE, juste histoire de voir, dès le lendemain des élections, notre cher François se féliciter de l'arrivée de la gauche au pouvoir, comme il l'a fait pour Syriza...
Comme il l'avait certainement fait en 2009 lorsque fut élu en Uruguay Jose Mujica. Pourtant, lors de son mandat, l'ancien guerillero des Tupamaros, activité pour laquelle il passa 15 ans derrière les barreaux, a cédé 90% de son salaire à des œuvres sociales, légalisé l'herbe afin de lutter contre les trafics, autorisé le mariage gay et l'avortement, délaissé le palais présidentiel pour vivre dans une petite ferme avec son épouse, éloignée de la capitale, continué à rouler dans sa VolksWagen modèle coccinelle 1987… On l'a même vu,
lors d'une vague de froid sans précédent ayant frappé le pays en 2012, faire de la résidence présidentielle un refuge pour les sans-abris. 

Fort heureusement, nos socialistes sont étrangers à ce genre de démagogie populiste…


dimanche 19 avril 2015

Trois étapes


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Toute vérité franchit trois étapes. D'abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence.

Arthur Schopenhauer

Vent d'est dans la tête

À quoi la musique fait appel en nous, il est difficile de le savoir ; ce qui est certain, c'est qu'elle touche une zone si profonde que la folie elle-même n'y saurait pénétrer.

Cioran




samedi 18 avril 2015

A votre santé !




Eduardo Hughes Galeano (1940-2015)




Après tout, nous sommes ce que nous faisons pour changer ce que nous sommes. L'identité n'est pas une pièce de musée exposée sagement derrière une vitrine, mais la synthèse toujours étonnante de nos contradictions de chaque jour.  


Le soleil. — Quelque part en Pennsylvanie, Anne Merak travaille comme assistante du soleil.
Du plus loin qu’elle se souvienne, elle a toujours occupé ce poste. Tous les matins, Anne lève les bras et pousse le soleil pour qu’il surgisse dans le ciel ; et tous les soirs, elle baisse les bras pour le coucher à l’horizon.
Elle était toute petite lorsqu’elle s’est attelée à cette tâche et elle n’y a jamais failli.
Il y a un demi-siècle, on l’a déclarée folle. Depuis, Anne est passée par plusieurs asiles, elle a été traitée par de nombreux psychiatres et a avalé d’énormes quantités de pilules.
Ils n’ont jamais pu la guérir.
Encore heureux.


Le marché global. — Des arbres couleur cannelle, des fruits dorés.
Des mains acajou enveloppent les graines blanches dans de grandes feuilles vertes.
Les graines fermentent au soleil. Puis, une fois déballées, à l’air libre, le soleil les sèche et leur donne doucement une couleur cuivrée.
Alors le cacao entame son voyage sur la mer bleue.
Pour passer des mains qui le cultivent aux bouches qui le mangent, le cacao est traité dans les usines de Cadbury, Mars, Nestlé ou Hershey’s, puis est mis en vente dans les supermarchés du monde : pour chaque dollar qui entre dans la caisse, trois cents et demi parviennent jusqu’aux villages d’où vient le cacao.
Richard Swift, un journaliste torontois, s’est rendu au Ghana, dans l’un de ces villages.
Il a visité les plantations.
Quand il s’est assis pour se reposer, il a sorti des barres de chocolat et avant même qu’il ait pu mordre dedans, une foule d’enfants curieux se pressait autour de lui.
Ils n’avaient jamais goûté à ça. Ils ont beaucoup aimé.


Main-d’œuvre. — Mohammed Ashraf ne va pas à l’école.
Du lever du jour au lever de la lune, il coupe, découpe, perfore, monte et coud les ballons de foot qui sortent du village pakistanais d’Umarkot et roulent vers les stades du monde entier.
Mohammed a 11 ans. Il fait ce travail depuis qu’il en a 5.
S’il savait lire, et s’il savait lire l’anglais, il comprendrait ce qui est écrit sur les étiquettes qu’il appose sur chacune de ses œuvres : Ce ballon n’a pas été fabriqué par des enfants.

La chaussure. — En 1919, Rosa Luxembourg, la révolutionnaire, a été assassinée à Berlin.
Ses assassins l'ont matraquée à mort à coups de crosses de fusil et l'ont ensuite jetée dans les eaux d'un canal.
En chemin, elle a perdu une chaussure.
Une main inconnue a ramassé cette chaussure tombée dans la boue
Rosa aspirait à un monde où la justice ne serait pas sacrifiée au nom de la liberté, pas plus que la liberté au nom de la justice.
Chaque jour, une main inconnue relève le flambeau.
Tombé dans la boue, comme la chaussure.

Daniel Pessah


L'utopie est à l'horizon. Je fais deux pas, elle recule de deux pas et l'horizon file dix pas plus loin. Alors, à quoi sert l'utopie ? A cela même, elle sert à avancer.

jeudi 16 avril 2015

Lutter pour vivre

Après Ne vivons plus comme des esclaves (2013), consacré aux nouvelles formes de résistance au meurtrier libéralisme, Yannis Youlountas vient de lancer une souscription pour diffuser gratuitement sur le net son nouveau film, Je lutte donc je suis. En voici le texte de présentation :
De Grèce et d’Espagne, un vent du sud contre la résignation souffle sur l’Europe. Dans les villes et les campagnes, dans les îles et les montagnes, au cœur des luttes et des alternatives en actes, des femmes, des hommes, mais aussi des enfants refusent de baisser les bras. Une même devise résume leur courage de résister, leur joie de créer et leur persévérance à toute épreuve : "JE LUTTE DONC JE SUIS" (prononcer "AGONIZOMAI ARA IPARKO" en grec et "LUCHO LUEGO EXISTO" en espagnol). Quelques mots pour vivre debout, parce que rester assis, c’est se mettre à genoux. Une brise marine, souriante et solidaire, de Barcelone à Athènes et d’Andalousie en Crète, qui repousse les nuages du pessimisme. Un voyage palpitant en musique, d’un bout à l’autre de la Méditerranée, en terres de luttes et d’utopie.
Et un premier montage de 10 minutes :



mardi 14 avril 2015

L'âge de la mort



Hier soir, sur la Vespa, en rentrant d'une soirée de soutien à Erri de Luca, je me faisais serrer par un taxi, klaxon à l'appui, mécontent de mon allure, un 40 maîtrisé, dans une zone 30. Il est vrai qu'il m'avait surpris tentant de profiter d'un léger moment de répit dans une journée agitée, égarré dans mes modestes dialogues solitaires. Le type insistait me ramenant sur la vulgaire terre. Au feu rouge, il remettait ça et me faisait signe d'avancer vers lui. Devant ma réticence exaspérée, il s'emportait vociférant je ne sais quels mots, certainement autres que sabotage. Fort heureusement, mon casque me protégeait de ses saillies et c'est au suivant sémaphore qu'il essaya de nouveau de me faire entendre mes torts. En vain. Il faut dire que, suite à mon avant-dernière chute, je suis désormais équipé d'un casque semi-intégral qui m'épargne généralement le son de casserole trouée de mon pot d'échappement m'évitant ainsi de penser à son plus que nécessaire remplacement. C'est alors que, tel un pilote de Formule 1 en herbe, Jo le taxi me colle de nouveau le garde-boue. Je n'ai pas le moyen de braquer à droite et voit défiler toute ma vie au ralenti le temps d'un soupir. Quelques mètres plus loin, deux files sont de nouveau disponibles et j'opte pour la plus lente, offrant ainsi à l'apprenti-Fangio de quoi satisfaire sa (qué)quête de virilité. J'ai alors repensé à Erri de Luca, espérant qu'il ne finira pas derrière les barreaux, souhaitant même qu'il ne se déplace jamais en scooter dans les rues de Paris, qu'il continue encore un moment à nous livrer quelques bouquins et poèmes. Je sais combien tout cela est ridicule, j'en étais conscient au moment-même, mais c'est ce type de pensées qui me traverse l'esprit dans ce genre de situation. 
Hier soir, lorsque de Luca fut interrogé sur ses futurs livres, il confia à une assistance toute acquise à sa bonne cause qu'il préparait un texte adressé à la jeunesse dans lequel il se moque d'une expression que, comme bien des gens de son âge, il utilise souvent lorsqu'il s'adresse à de jeunes gens : « A votre âge… » Puis, à la question d'une jeune, qui venait de se présenter en tant que jeune, et lui demandait ce qu'eux, les jeunes, pouvaient faire, il retournait la question, invitant presque cette fille à monter sur scène pour exposer le futur qu'elle envisageait pour elle et les siens ; de Luca précisant que son futur à lui était une affaire de quelques jours, de quelques semaines tout au plus et qu'il ne pouvait se permettre de parler sérieusement d'avenir. Je me suis senti aussi vieux que lui sur le moment et un peu après sur le scooter. Je me suis demandé si, plus jeune, je serais descendu de ma bécane pour aller me frotter à cet abruti en taxi. 
Rentré en vie, j'allumais l'ordi pour vérifier que nous vivions toujours dans ce beau pays qui accorde autant d'importance aux ridicules querelles spectaculaires-électoralistes du FN sans s'offusquer le moindre du monde de l'arrogance de cette dynastie d'opérette, et tombais sur la nouvelle des morts de Galeano, Maspéro et Grass. Celle de Galeano m'a fait suer. Je me suis souvenu du nombre d'exemplaires de ses œuvres que j'ai offerts à droite à gauche, de la fierté d'avoir publié dans le journal qui accueillait régulièrement ses merveilleux écrits, de l'avoir une fois croisé en coup de vent, trop intimidé pour l'aborder. Maspéro, lui, est lié à mes premiers pas dans la politique, et surtout aux longues conversations avec Helyette, autre libraire militante de ces années. Je me souviens qu'il fut question lors de mes propres années de libraire d'inviter Maspéro pour une signature à l'occasion de la sortie de son livre Les Passagers du Roissy-Express. Je ne sais plus pourquoi ça ne s'est pas fait. Quant à Grass, je dois avouer avoir fait, il y a une éternité, une tentative de lecture de l'un de ses romans, mais je l'ai rapidement abandonnée. Le turbot, peut-être, je ne sais plus. Sur le site de ce déplorable torchon qu'est devenu Libération, sous une vidéo consacrée à la mort de Grass, avait été collée une nouvelle annonçant que la famille Kardashian comptait d'autres filles et qu'elles passionnaient toutes l'Arménie. 

samedi 11 avril 2015

Seul dans la foule



Pour avoir du style, il faut s'ouvrir à l'autre. Pour avoir du style, il faut mettre sa peau sur la table. Le style, c'est l'homme nu. Le style, c'est l'homme seul perdu dans la foule.

Charles Bukowski

mercredi 8 avril 2015

Capitalisme et émancipation

Laissez pisser !


Cet urinoir a été installé sur le campus de l'université de Bristol, dans le sud-ouest de l'Angleterre. Ressemblant comme deux gouttes de pisse aux sanitaires des camps de réfugiés, ce prototype en est encore au stade de test - certes, grandeur nature. 
En effet, des chercheurs de cette fac estiment que l'urine (celle des hommes plus particulièrement) peut générer de l'énergie et, si cela se vérifie, pourrait être un excellent moyen de fournir de l'électricité dans les camps de réfugiés du monde entier. 
La sanisette a été édifiée à côté de la cafétéria d'une association étudiante pour faciliter l'expérience. L'article du Guardian, cité par Le Monde diplomatique de ce mois, ne dit pas si, dans le cas d'un essai concluant, ces brillants chercheurs envisagent d'installer des débits de boisson dans les camps, l'eau, comme on le sait, étant souvent une ressource rare dans l'environnement de ces habitations...

mardi 7 avril 2015

De l'indépendance (au cinéma)

http://www.lagarennetoutcourt.fr/

 11 et 12 avril 2015 

Deuxième édition du festival de courts métrages indépendants,
La Garenne Tout Court
C'est donc le week-end prochain, à La Garenne-Colombes, à 10 min. de Paris
Une programmation de films français et une autre de films étrangers, chaque film ayant été tourné hors guichets traditionnels de financement.
A noter, une table ronde autour de la question de l'indépendance,
le samedi à 16h00.
http://www.lagarennetoutcourt.fr/

Poncho 2

Peu après sa naissance, ce blog attirait l'attention des quelques égarés susceptibles d'en lire les billets sur le film de Pierre Carles (et ses complices), Opération Correa (et son financement participatif et militant). La première partie sera en salles le 15 avril, soit, si je ne m'abuse, comme disait le docteur, dans une semaine. L'occasion de réfléchir, arguments à l'appui, sur une autre forme de gouvernance, loin de la tyrannie des FMI, Banque mondiale et autres troïkas... De nombreux débats sont d'ores et déjà prévus à Paris, en banlieue et dans toutes les salles intelligentes de notre beau pays...


L'amour l'après-midi

IAL Diamond, à gauche
(l'autre type, si l'on en croit son accoutrement,
doit être un cousin roumain en visite)

Immense mépris


Les choses de l'Etat et de la cité sont sans pouvoir sur nous. Peu nous chaut que ministres et gouvernants dilapident les biens de la nation. Tout cela se situe au-dehors, comme la boue les jours de pluie. Nous n'avons rien à voir avec tout cela, et tout cela non plus n'a rien à voir avec nous.
Nous ne nous intéressons pas davantage aux grandes convulsions, telles que la guerre ou les crises nationales. Tant qu'elles n'entrent pas chez nous, peu nous importe de savoir à quelles portes elles frappent. Tout cela semble reposer sur un immense mépris pour les autres, mais n'a d'autre base, en réalité, que notre opinion plutôt sceptique sur nous-mêmes. 


Love and Happiness




lundi 6 avril 2015

La vida (y algo más)


Dire qu’on aurait pu se dispenser de vivre tout ce qu’on a vécu !

  Cioran

vendredi 3 avril 2015

La corde au cou




Si les femmes n'existaient pas, je me pendrais tout de suite.

Louis Scutenaire (1905-1987)

Life is a losing game

C'est annoncé pour l'été en Grande-Bretagne, ça a l'air de racoler et dramatiser un peu le truc, mais bon, tant que c'est pas un biopic réalisé par Olivier Dahan avec Léa Seydoux dans le rôle de cette fille de chauffeur de taxi, c'est peut-être à voir.


 
Cela dit, l'héritière de l'empire Schlumberger en bonne de Mirbeau, dans une production sociale-démocrate des chrétiens belges - les doublement palmés frères Dardenne -, et réalisée par ce drôle d'oiseau de Jacquot, fallait y penser !

La vérité si je dis des conneries !