Je ne peux pas applaudir à 20h00.
C’est plus fort que moi, je ne peux pas.
Donc, nous serions en guerre. En guerre contre un mal sournois et invisible, mais terriblement meurtrier. Notre armée, ce serait, en première ligne, les soignants, suivis de près par tous les travailleurs que la bonne marche du pays contraint à sortir.
Outre que l’héroïsation des soignants prend des tours quelque peu infantiles, les ramenant à des personnages d’une série Netflix, elle est surtout indécente. Si nous menions une vraie guerre, oserais-je applaudir de mon balcon ceux qui, démunis et contraints, rejoignent le front, alors qu’au salon un apéritif m’attend ?
Nos « soldats » ne sont pas des volontaires surarmés. Ce sont des femmes et des hommes sans moyens et sans protections, que l’État, après les avoir déshabillés, envoie au travail. Car ils font là leur travail, qu’ils persistent à considérer comme glorieux malgré les conditions dans lesquelles, depuis des années, ils sont contraints à le faire. En faire des soldats, c’est faire peser sur eux la responsabilité d’une situation dont ils ne sont pas l’origine et exiger d’eux un service exceptionnel au nom d’une morale militaire qui permet simplement de leur faire avaler la pilule. En faire des héros, c’est contraindre la litanie de leurs revendications au silence. A-t-on jamais entendu un héros se plaindre ?
Nous ne sommes pas en guerre. Ceux qui se mobilisent et s’exposent chaque jour ne vont pas donner la mort. Au contraire, c’est contre la mort et pour la vie qu’ils combattent. Ils et elles ne vont pas à la guerre, mais pourtant, héroïquement, ils se sacrifient.
Il y a un objectif à cette héroïsation, c’est bien sûr, l’Union Sacrée, autour d’une armée qui défend la Nation et de ses chefs qui la dirigent. Cette Union Sacrée permet à ceux qui la décrètent d’édicter les règles qui leur assurent le pouvoir, sans opposition ni même sans débat. Les soignants et les travailleurs sont les soldats nus et les sacrifiés de cette Union Sacrée. Les applaudir, c’est se résigner à leur sacrifice.
Et je vous envoie ceci écrit par ma voisine sans lui demander la moindre autorisation. Mais après tout, elle avait qu'à pas publier.
RépondreSupprimerhttps://blogs.mediapart.fr/tumulto/blog/050420/un-peu-de-decence-m-le-recteur-et-m-le-ministre
Salud !
Effectivement, cher Julio, jusqu'à quand va-t-on supporter cet écoeurement ? Prends soin de toi !
SupprimerÉquerre et compas, quelles jambes ! on est pas tous égaux dans le confinement !
RépondreSupprimerAbrazo
Une autre amie me confiait hier s'être mise à la gym grâce à un tuto sur la toile. Je pense, cher Luc, qu'avec abnégation, nous pouvons tous parvenir à être égaux dans le confinement…
SupprimerAlors, cher Carlos je souhaite au compagnon de cette amie d'avoir une vigoureuse santé !
SupprimerFigure-toi, cher Luc, que cette amie est célibataire. Avis aux amateurs, je peux envoyer des photos d'elle sans dérogation…
SupprimerMerci, cher inconsolable. Un billet tout de salubrité dans l'obscénité régnante. J'ai l'intention de faire de même dans mes colonnes.
RépondreSupprimerPrenez soin de vous.
Le promeneur
Cher Promeneur, voilà à quoi peuvent servir nos ami(e)s... Portez-vous bien !
SupprimerTels les liquidateurs de Chernobyl en 86.
RépondreSupprimerEn 89, le mur de Berlin tombais.
On est beaucoup a attendre la fin de ce virus pour démolir le capitalisme/liberalisme/l'UE, abattre les murs, respirer, se sentir libre et utile; retrouver du sens, construire...
Il y avais une ouverture en 2007/08 mais aucune volonté.
Ceux qui applaudissent aux balcons, tels des supporters de foot, des consommateurs de charité télévisuelle (ex. Les Enfoirés), produits d'une société malade vont mal le vivre... les imbéciles utiles comme disait l'autre.
Ca me rapelle un film "Good Bye Lenin!". Ici, il n'y aura pas de fin paisible à l'hosto, plutot une fin à la Mad Max; le romantisme tragique risque de laisser place à l'hyperréalisme violent.
Oui, je conseillerais le dernier Mad Max à ton amie, deux bonnes heures d'action avec une fin plutot heureuse. Des protagonistes abimés mais vivants et, aucun héro!