jeudi 23 novembre 2017

Des machines et des hommes

Les très estimables éditions de l'Echappée publient un essai passionnant de Nicholas Carr, Remplacer l'humain, Critique de l'automatisation de la société (trad. Edouard Jacquemoud). L'auteur du livre Internet rend-il bête ? s'interroge sur ces systèmes automatisés qui ont envahi notre vie et analyse, preuves et travaux à l'appui, la manière dont ces technologies auxquelles nous nous soumettons dans la joie modifient notre quotidien : travail, relations, aviation, finance, médecine, justice... Vertigineux. Extrait :
Après avoir analysé les causes de « la croissance anémique de l'emploi » aux Etats-Unis depuis 2000, l'économiste du MIT David Autor en est arrivé à la conclusion que les nouvelles technologies ont bouleversé la répartition des emplois, créant des disparités croissantes au niveau des revenus et des richesses : «Il y a énormément de postes à pourvoir dans la restauration et la finance, mais très peu dans les secteurs où le niveau de revenu est intermédiaire.» Au fur et à mesure que l'automatisation s'étend à de nouvelles branches de l'économie, nous verrons certainement cette tendance se renforcer, les classes moyennes se résorber et des centaines de milliers d'emplois disparaître, y compris ceux des cadres. D'après Paul Krugman, un autre lauréat du prix Nobel d'économie, «les machines intelligentes auront des effets positifs sur l'augmentation du PIB, tout en réduisant inexorablement la demande de main-d'oeuvre dans les métiers à forte valeur ajoutée. Nous aurons alors une société qui s'enrichit de plus en plus, mais où tous les gains seront répartis entre ceux qui possèdent ces machines».
(...)
L'utilisation croissante des ordinateurs a créé de nouveaux postes très attractifs et ouvert des perspectives aux entrepreneurs, même s'il convient de préciser que le nombre d'employés dans le secteur des nouvelles technologies reste assez marginal. Et pour cause, on ne devient pas programmeur informatique ou ingénieur en robotique en un tour de main. Tout le monde n'a pas non plus les moyens de déménager dans la Sillicon Valley pour faire fortune en concevant des applications pour smartphones. Alors que le salaire moyen continue de stagner et que les bénéfices des entreprises ne cessent de croître, la situation semble toujours autant profiter à quelques rares privilégiés.

En complément, autour des mêmes thèmes, lire la gougueulisation de nos villes sur le blogue d'Evgeny Morozov hébergé par le Diplo.

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