mercredi 14 septembre 2016

Guillaume, les garçons et moi

J'apprends incidemment que notre belle cinématographie sera représentée aux Oscars par l'un de ces quatre films : Frantz de François Ozon, Les Innocentes d'Anne Fontaine, Elle de Paul Verhoeven et Cézanne et Moi de Danièle Thompson. Soyons honnête, je n'ai vu aucune de ces productions. Et me fiche totalement des Oscars, des Césars et des hémorroïdes, en général. Il se trouve que j'ai aperçu l'autre soir la bande-annonce pas très bandante du film de la fille Oury - qui est au cinéma ce que BHL est à la pensée contemporaine, une sacrée imposture. Contrairement au philosophe du Flore, Danièle Thompson a pour le moment été épargnée par les attentats pâtissiers. Guillaume Gallienne aussi.





Il a pourtant l'air remarquable de crétin cabotinage dans le rôle de ce pauvre Cézanne. Comme il était on ne peut plus risible dans celui d'un maton de prison fou amoureux d'une taularde - d'après une histoire vraie, certainement.





Depuis le succès de Guillaume et les garçons, à table !, le film qu'il a lui-même tiré de son propre spectacle, ce sociétaire de la Comédie française est devenu aussi bankable que Cotillard, Canet (qui a l'air grandiose en Zola de SFP), Tautou, Dujardin et tous ces noms qui font la gloire de notre culture aseptisée. Le Gallienne, comme on disait la Garbo, est prêt à tout pour éblouir son public et sa maman. Tombé en plein faux-débat médiatique sur le mariage pour tous, le film de ce catholique orthodoxe, comme il aime se définir, avait emporté l'adhésion générale en grande partie pour son coming-out à l'envers, bien dans le sens du vent putride qui soufflait alors sur l'hexagone. Souvenons-nous de la manière choisie pour décrire ses errements sexuels. Attiré par les toilettes des dames - et de sa maman -, persuadé par son environnement qu'il n'était qu'un petit pédé, il tentait l'expérience homo mais tombait malheureusement tout d'abord dans un piège monté par de sales Arabes (scène anticipant la sortie de Gallienne contre le film de Philippe Faucon), puis sur un étalon au membre effrayant. Cela était suffisant pour le/nous persuader que le monde gay est assez répugnant et qu'un simple regard porté sur une femme suffit pour vous la faire épouser sur le champ. 
GG est un homme d'aujourd'hui. Hypocrite, ambitieux, opportuniste, positif, ouvert, malléable, socio-démocrate-chétien-libéral, européen convaincu comme il l'a démontré lors de la campagne 2014.




Gallienne est le gendre idéal. Raffiné, propre sur lui, cultivé, omniprésent dans les médias, après avoir fait le zouave sur une moribonde chaîne cryptée privée, il convainc depuis des années l'auditeur distrait des ondes publiques que la littérature, contrairement à l'homosexualité, ça ne peut pas faire de mal. L'an dernier, dans une autre campagne institutionnelle, il se faisait même passer pour Thomas Bernhard, à l'instar il est vrai d'autres valeurs sûres de notre patrimoine comme le rappeur Booba... 
Les dernières rumeurs du Landerneau cinématographique le situent en très bonne position pour tenir le rôle principal dans le biopic que s'apprête à réaliser Steven Spielberg sur Charles Bukowski. Un Oscar pour Cézanne serait un plus... Ou une tarte !

9 commentaires:

  1. Gallienne dans la peau de ce bon vieux Buk : au-delà de l'outrage, ce monde ne cesse d'être terrifiant de jobardise.

    On est pas sorti des ronces, comme le constatait un roi mélancolique.

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    1. Ne m'en parlez pas, cher Promeneur, j'en jaunis à l'idée...

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  2. C'est vrai quoi, imaginerait-on Miou-Miou en femme de mineur ?
    La Maheude, par exemple...
    Jules

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  3. On devrait interdire à Galienne de parler de littérature. Je le verrais bien assis sur un rail SNCF, avec du goudron et des plumes comme dans un album de Lucky Luke... Pierre L.

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  4. J'avais déja vu et lu la proximité de Galliene avec... Thomas Bernhard! Aujourd'hui c'est Cézanne. Dans ce bas monde ( bas vient de bassesses) on ne doute de rien ! Merci pour ce dézingage en règle que je m'empresse de signaler sur Twitter.

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  5. Doit pas être si cultivé que cela : Busnel lui a appris en direct TV l'existence d'Ezra Pound dont il a avoué n'avoir jamais entendu parler !

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  6. Gallienne/Canet en Cézanne/Zola, j'ai beau essayer d'être plus positif que toi concernant le cinéma français, sur ce coup-là je m'avoue vaincu... et couvert d'eczéma !
    L'autre Pierre.

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    1. Vous avez tort pourtant, Cézanne et moi, c'est Van Gogh de Pialat, en mieux : on rit, mais on rit ! Et en même temps, la sensualité à fleur de peau, l'érotisme, presque : cette tête de cul, qu'on a violemment envie de fesser !

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  7. Pauvre Guillaume, je suis certaine que dans le fond, il sait qu'il est mauvais, et qu'il en souffre... mais quoi ? ... difficile de cracher dans la soupe de caviar !

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