vendredi 11 mars 2022

Par temps de pluie

Mon Dieu, je ne sais pas quoi
faire.
c'est si bon de les avoir près de moi.
elles ont le coup pour jouer avec mes
couilles
et regarder ma queue
avec infiniment
de considération
en examinant chaque centimètre
en lui faisant faire des tours
en la triturant
avec leurs longs cheveux
qui m'effleurent le ventre.

ça n'est pas simplement la baise
ni le fait de se faire sucer
qui fait chavirer un homme
et le rend accro,
c'est les extras,
tous les extras.

ce soir il pleut
et je suis seul.
elles sont ailleurs
en plein travail
dans d'autres chambres
d'autres atmosphères
ou peut-être dans des chambres
déjà explorées.

n'importe, il pleut ce soir,
une saloperie de pluie qui tombe
et vous trempe jusqu'aux os...
rien à faire.
j'ai lu le journal
payé la note de gaz
celle d'électricité
la note du téléphone

il continue de pleuvoir.

elles font chavirer un homme
et le laissent ensuite
se noyer dans son propre jus.

il me faudrait une putain
comme au bon vieux temps
qui frapperait à la porte
fermerait son parapluie
le sac à main luisant au clair de lune
elle me dirait : « merde, mon
vieux,
tu peux trouver une meilleure
musique que celle-là sur ta radio
et puis, monte le chauffage... »

c'est toujours quand un homme
déborde d'amour et de tout
le reste
qu'il se met à tomber
de la pluie
éclaboussant
comme vache qui pisse
bonne pour les arbres
l'herbe et l'air...
bonne pour les choses qui peuvent
vivre seules.

je donnerai n'importe quoi
pour une main de femme sur mes couilles
ce soir.
elles font chavirer un homme et
puis le laissent seul
écouter la pluie.

 

Charles Bukowski, in Sur l’amour,
trad. Romain Monnery,
Au Diable Vauvert, 2022


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