Merde !
Il semblerait que ce mot n'ait aucun sens, ni d'à-propos, presque jamais. Il est pourtant celui qui précisément annihile le noble et ruine le possédant.
Les gens pauvres sont craints des riches par leur langage facilement ordurier qui évoque l'infect et le misérable de leur condition et, cette pauvre animalité humaine dont ceux-là détournent leur pensée tant qu'ils peuvent, voilà qu'une parole malheureuse réussit à la leur imposer, renversant en un instant des années de luxe.
Aussi la condition, pour rester riche et inattentif à ces déchets puants, est-elle de s'entourer de gens polis, ayant la même appréhension d'être avilis et la même attention à vous l'éviter.
Or, quand on réfléchit quelques instants à tout ce qu'est notre gluante mécanique et à ceci que même le sentiment le plus louangé, les tribunaux les plus débonnaires n'en ont jamais permis le libre exercice final autrement qu'à deux, et entre murs bien isolants, on comprend le succès exceptionnel, dans une société courtisane et dans quelques autres qui la singent, de J. Racine, illisible à la canaille, homme par son langage allusif et poli, le plus dégagé qu'on entendît des misères physiologiques de la nature humaine et fait pour toucher ceux qui entendent rester nobles.
Depuis, il s'est passé des choses, même en dehors du perfectionnement de l'aération et des canalisations d'eau, et l'on peut dire que le grand mélange des classes, l'uniformisation des distractions et des informations ont plus dévalué la noblesse que cent banqueroutes financières.
Néanmoins le mot « m… » garde une valeur certaine de démoralisation et d'effondrement.
Pour la chose elle-même, si l'on veut rester en vie, rien de changé, fût-on pape. Quelle honte ! Silence, alors. Au moins l'annuler par le silence. Silence presque universellement respecté.
https://www.youtube.com/watch?v=thb2Pj2B7vg
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