il y avait l’enfance en marge
des armées de singes
l’enfance large
et trop jolie pour être honnête
on a mangé les singes et les limaces
et nos ventres grimacent
et nos ventres nous tuent
et nous bavons dans nos coeurs de laitues
je ne vole pas très bien
je n’ai pas le talent des chiens
qui nagent sur les os
j’ai une ambition raisonnable :
être un minable un con
sur un banc
en cale sèche un abstème absolu
un rêveur révolu
immobile apparent éloigné
bancal dans la dèche à Cancale en Ardèche
ou bien Valparaiso
d’autres oiseaux d’autres réseaux d’autres fuseaux
mais les mêmes gardiens de zoos
être un con sur un banc au soir tombant
un homme tombant
mais pépère
sans chagrins amers
au demeurant mourant
qui regarde la mer
dans la lumière oblique d’un réverbère public
sous la statue de bronze d’un homme de caractère
un militaire fier comme un cul ferreux
un brave au nom gravé sur les plus hauts donjons
qui gravement brave
un pigeon
Je retrouve d'Hervé Prudon : «J’étais juste un type mince avec ce petit bagage à la con et un stylo dans la poche. […] Ma chance, c’était que le bagage ne fermait pas et que le stylo fuyait. J’ai suivi le stylo dans la fuite.»
RépondreSupprimerBon réveillon, je vous souhaite une belle année 2018.
De Prudon, je lis en ce moment La Langue chienne, excellent de poésie noire et de cruauté sauvage... On peut écouter des textes de lui, non publiés, sur France culture ici : https://www.franceculture.fr/emissions/jacques-bonnaffe-lit-la-poesie/herve-prudon-les-cahiers-14-tout-est-dit. Bons réveillon et année à vous aussi, cher Chris.
SupprimerMerci, c'est noté !
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