Entre deux rires coupables, je jette un œil à l'actualité me demandant où diable vais-je pouvoir dénicher de raisonnables larmes…
Fallacieuse ment…
Moi qui n'ai jamais mis les pieds aux Etats-Unis, n'ai jamais passé le permis de conduire, baisé dans un avion, appris à compter, skié, fait des envieux, foutu une torgnole à mon père, filé en douce, jalousé les romanciers pubards qui plastronnent en Fitzgerald 2.0, pêté plus haut que l'orifice de mon rectum, philosophé, chanté sous vos fenêtres, refait un plancher, plané au LSD, vendu du vent, twitté, cherché à me distinguer, épousé une héritière, marché dans vos combines, changé de veston tous les ans, planqué mon fric, participé à une évasion, rêvé du dernier produit aïe-tec avilissant, renvoyé l'ascenseur, quémandé, envisagé une carrière quelconque, photographié mon repas, rien espéré de personne, je pense mériter amplement cette chance d'être encore en vie. Aussi merdique soit-elle, donc.
A quels propos ?
Mon type de femme : celle qui m'a oublié.
Comment ne voyez-vous pas les choses ?
Jean Vigo, fils d'anarchiste, mort presque comme un rocker à 29 ans, n'a réalisé que deux films et demi. Partant, il figure en très bonne place dans toutes les histoires du septième art. Et aujourd'hui, on attribue un prix portant son nom aux films d'auteur les plus conformistes. Le même phénomène se produit avec Henri Jeanson. Ou encore, dans le domaine de la politique, avec George Orwell, Antonio Gramsci ou Jean Jaurès.
N'en parlons plus.
Je ne suis ni pour ni contre. Mais surtout pas le contraire.
Dire que vous y avez cru…
Je me considère souvent comme quelqu'un n'ayant aucun préjugé, oubliant par étourderie que cette idée est certainement le préjugé le plus aberrant.
Eternua-t-il.
Demandez-moi pourquoi. Mais pas avant après-demain.
Je prends une dernière gorgée de ce millésime tant vanté par la maîtresse de maison en balayant à travers mon verre la tablée de mon regard embué, que des citoyens concernés, de gauche, qui aiment, pêle-mêle, les indignés, la liberté de la presse, les débats télévisés, le pain sans gluten, Proust, les vieux films hollywoodiens en technicolor, un petit pétard le week-end, la Sardaigne, les vins en biodynamique, télécharger des séries, le dimanche le long du canal, la convivialité, les quartiers populaires, les crèches parentales, la parité, changer de voiture tous les quatre ans, les certitudes, les polars suédois, envoyer les gosses dans le privé, les vacances au Portugal, les réseaux sociaux, Onfray, la téléréalité, les boutiques de produits en circuit court, le dernier mot, et espèrent tous beaucoup du nouveau président, mais avale de travers, manque de m'étouffer et recrache sur mes voisins cette piquette à 25 balles la bouteille, m'excuse en riant et me ressers un verre.
Je ne peux pas, désolé, j'ai poubelle.
Mon type de femme : la tienne, ça ira.
Mazette ! C'est du terrorisme littéraire !
RépondreSupprimerExact. Et les centres de déradicalisation ont fermé !
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