Je ne suis pas adepte d'oeuvres de science-fiction ou dites fantastiques, en ai peu fréquenté. A tort certainement. Mais pour qu'il m'intéresse vraiment, un livre ou un film doit me parler de notre misérable condition humaine, de notre bassesse, de nos espoirs, de nos désillusions et autres échecs en tous genres. 1984 ou plus récemment Le Gaffeur m'ont passionné davantage pour leur aspect subversif qu'anticipatif. Plus généralement, je trouve ce type de récits rapidement dépassés par ce que d'aucuns nomment encore le progrès.
Un article britannique aperçu par hasard corrobore ce jugement probablement hâtif. Un spécialiste du tourisme estime que dans quelques années, une centaine, mais selon toute vraissemblance certainement moins, la grande aventure au coin de la rue prendra la forme de la chasse à l'homme. S'appuyant sur des analyses démographiques, écologiques et économiques, le type nous affirme que ce jeu, imaginé par bien des auteurs du genre, pourrait facilement devenir réalité. Et afin de nous convaincre des aspects positifs de la chose, créer en nous une fascination pour ces mises à mort de nos contemporains, cette nouvelle forme de guerre passerait par la case téléréalité. Et notre ami de rappeller que, par le passé, les hommes ont déjà plébiscité ce genre de spectacle, dans la Rome antique par exemple.
Des séances de chasse à l'homme pourraient également être prévues au sein des séminaires d'entreprise, au même titre que le saut à l'élastique, histoire de ressouder les troupes, ou proposées à un public plus jeune dans ces espaces de jeux qui pullulent dans la periphérie des grandes villes, ces jeunes chasseurs, déjà familiers de ce type de divertissement grâce à leurs consoles, s'adapteraient rapidement.
Devant les désastres environnementaux qui s'annoncent pour les années à venir, la déliquescence et la corruption de la classe politique, le cynisme du monde de la finance, l'accroissement des inégalités, l'individualisme comme seul credo de l'homme moderne, cette nouvelle activité permettrait, avec le sourire et l'addiction, de "gérer" le quotidien. Nous serions ainsi débarrassés des agités de toute sorte : mendiants, SDF, migrants, nuitdeboutistes, casseurs, syndicalistes, assistés, séparatistes... Car, bien entendu, les armes seront aux mains de la classe dominante et le gibier, à croissance exponentielle, sera composé de la plèbe.
J'ai hâte de voir le film. En attendant...
Bah, comme disait un de nos ex président, grand amateur de diamants : "le gibier à toujours sa chance."
RépondreSupprimerEt merci pour la dédicace....