La salle de derrière l'avant-dernière
elle se tient seule rose séchée
entre les pages d'un livre paumé
je plisse les yeux au-dessus
de mon livre volé vois le vide
de ses mains la mort sous la peau
elle ne boit rien
elle est juste là sale raide comme le sort
le regard avalé les larmes habituées
je l'avais aperçue une fois
ici même
sans être comme là dévasté effrayé
par tant de peine elle parle seule
je ne sais plus ce que je lis
les mots se mêlent
je tombe sur le papier rien
elle fouille son sac se lève
un peu d'air d'une cigarette fumée sur le trottoir
me frôle en revenant dans la salle de derrière
vide de son corps sans vie laisse
l'odeur du tabac sur moi un peu de son désarroi
elle parle encore
seule comme avant les yeux bleus lavés
les doigts toujours pris par la cigarette ignorée
la dignité ce qui lui reste de beauté
le dos au mur raide comme la trique
un enfant paraît tatoué les yeux flingués
quitte sa chaise cachée se penche sur elle
la laisse sans se retourner
le fourgue j'ai pensé
elle le regarde s'éloigner demande ce que je fous
l'envie de la prendre dans les bras
ne pas la laisser là
son sac ses mots sans écho sa gueule sans joues
ses joues sans larmes
une nuit sans femme
ils sont revenus ce soir
la femme seule et le gamin
se tiennent devant la porte du bar
défoncée elle sourit il s'approche
lui colle une galoche devant l'autre type qui se marre
occupé à rouler le joint qu'ils fumeront
au coin comme tout le monde
je me lève la salle de derrière
l'avant-dernière vide de son corps sans vie
demande la même chose et ferme mon livre
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