mercredi 16 mars 2016

"La vie va et le temps passe" (Samy Naceri)






Hier soir, après un dîner trop arrosé, je sors le chien et passe devant cette étrange inscription surplombant un garage : Dieu est amour. Sur le côté du rideau de fer, un écriteau indique les Jours de Cuite. Salivant, je tire le chien et m'avance. Mon alcoolisme myope m'a encore joué des tours. Il s'agit d'une église pentecôtiste et les seuls horaires sont ceux du Culte.

***

Ce matin, je traverse rapidement la cuisine où sont réunis mes collègues autour d'un café.
- La loi du travail laissera des traces.
- T'as vu ? Le MEDEF demande au gouvernement de revenir au premier texte.
- Il oublie quand même que c'est la gauche qui est au pouvoir !
- C'est une blague ?
- S'il faut retourner dans la rue, on y retournera. C'est ce que m'a dit ma fille, hier soir.
- Il paraît qu'Azoulay va autoriser la pub commerciale sur Radio France !
- C'est qui ?
- Vous avez entendu ? Ça y est : l'Etat d'urgence entre dans la Constitution !
- Ça restera comme la principale réussite de Hollande : avoir avec abnégation déroulé le tapis rouge au FN pour 2017.
- Tu ne peux pas dire ça ! Hier à Bruxelles...
- L'Etat d'urgence figure-t-il dans la Constitution belge ?
- On s'en fout, c'est chez nous qu'ils ont frappé !
- Ce n'est pas vrai. Ne serait-ce que récemment, ils ont frappé en Côte d'Ivoire, au Burkina et au Mali !
- Oui, d'accord,  mais il faut bien qu'on fasse quelque chose ici !
Je verse rapidement l'eau chaude sur un sachet Detox généreusement offert par une collègue et file m'installer à mon poste, espérant être lavé de l'intérieur et protégé de l'extérieur.

***


J'écoute en podecaste une émission de France culture consacrée à l'édition. La radio publique, associée au journal catholico-culturel Télérama, vient de décerner un prix des lycéens au premier roman d'Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles, déjà plébiscité par la presse et le public. Face à l'auteur, la directrice de l'hebdomadaire, ne pouvant semble-t-il contenir un orgasme, déclare que c'est un livre qui fait du bien par les temps qui courent. Je n'ai pas lu ce bouquin et ai un a priori assez favorable pour sa maison d'édition, mais je ne peux éviter de penser à la définition chevillardesque d'un feel good book... 
Après la diffusion d'un extrait d'entretien avec Bukowski dans lequel l'auteur de The Postman affirme que les phrases d'un livre doivent faire Bing ! Bing ! Bing ! Bing ! et non Blablablabla comme chez Malcolm Lowry, Bourdeaut promet de retenir la leçon tout en reconnaissant que son roman n'a rien à voir avec le style de ce bon vieil Hank qu'il qualifie de délicieusement ordurier... Bourdeaut est un jeune homme de son temps. Il n'oublie pas d'annoncer pour conclure la sortie dans deux ans de son prochain livre, le temps de l'écrire et de finir sa tournée Nouvelle Star de l'édition. 
Le reste de l'émission sobrement intitulée Comment faire un livre, malgré la présence du très respectable Olivier Cohen, est une suite de blablas, du chichi sans intérêt, comme dirait l'ami Schiffter. J'ai hâte d'être à ce soir, me coucher et retrouver Raymond Guérin.


2 commentaires:

  1. Ben, je vais boire un blanc "pour qu'il se passe quelque chose", ça urge!

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  2. Chi chi
    Show Show Show
    On peut préferer le Cha Cha Cha.
    Et donc, je préfère.

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