Jeff Stanford |
À dix‑sept ans j’ai été champion de France de flipper. J’ai conservé mon titre pendant quatre ans. En 1983, j’ai participé au championnat du monde d’Indianapolis et je me suis classé neuvième. En 1987, j’ai gagné le championnat de France de Risk. J’ai assez vite abandonné pour le Scrabble. Pendant trois ans j’ai énormément pratiqué, on peut même parler d’entraînement, avec des résultats à l’appui : champion de France de 1989 à 1991. Puis sont venus les échecs. Là, ça ne rigolait plus du tout. Je passais à une catégorie nettement au‑dessus. J’ai énormément ramé mais j’y suis arrivé. Je suis devenu champion de France en 1995. Est venu ensuite le bridge. Là, pareil que pour les échecs, j’ai pris des cours, j’ai été coaché, je me suis accroché, j’ai persévéré, j’ai traversé je ne sais combien de fois la France pour participer à des centaines de compétitions. Et en 2001, enfin le sacre : champion de France. Puis le mah‑jong, le jeu de go, le tarot... J’ai consacré à chacun de ces jeux plusieurs années avec obstinément le même but : gagner. Pour compenser ce que j’ai toujours perdu avec les femmes. Aujourd’hui, j’ai soixante‑deux ans. Et, comme cela a été le cas toute ma vie, je n’ai pas de femme. Mais j’ai une page Wikipédia.
David Thomas, Seul entouré de chiens qui mordent,
éd. L'Olivier, 2021
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