mardi 23 mars 2021

Une poire pour la soif

 

Saul Leiter

 

Une gigantesque paresse endort les coins aigres de toutes ces carcasses qui arriveraient à vous dégoûter de la mort tant leur vie ne rime à rien. Et cela parle, discute, t'entreprend, t'aime, te déteste. Où sommes-nous ? Rentrons vite. Parlons tout seul. La chose manque un peu d'imprévu — depuis le temps ! — mais laisse une poire pour la soif.

 

Extrait d'une lettre de Georges Perros à Michel Butor (1958),
in Correspondance, éd. Joseph K.


3 commentaires:

  1. Réponses
    1. Oui. Ce qui étonne dans cette correspondance, c'est le ton chaleureux, solitaire, sincère de Perros, condamné aux mansardes, baraques foutraques et humides, opposé à l'aspect souvent bureaucratique des lettres de Butor, qui parade en grand écrivain du Nouveau roman à travers le monde à coups de cours, conférences, interviews, déménagements, publications de toute sorte... Bref, un régal !

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  2. J'avoue avoir toujours été insensible à la prose de Butor et à l'ensemble du cirque néo romanesque.
    Effectivement, à regarder Perros, puis Butor, on se dit que les arcanes qui animent une amitié sont parfois bien mystérieuses. Et après tout, tant mieux.

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