Sayuri Ichida |
Cette année encore (plus que jamais serait-on tenté d'écrire !), le théâtre se doit de traverser les enjeux politiques et sociétaux dont l'art fait matière. Espace de toutes les libertés, la scène révèle le réel politique au plus profond des intimités. Nulle mieux que l'écriture pénétrante, démesurée, de Jean-Yves Pottera pour faire écho à la situation dramatique des migrants qu'il décrit dans Exodus, saga de onze heures qui a tant bouleversé Avignon l'année dernière. Avec Vertiges, Cornelius Van den Bush brise les codes et offre à la minorité kazakhe de la région PACA une formidable caisse de résonnance pour leur cause et leur légitimité étouffée par une société toujours plus fermée à l'autre. La mise en scène de Dimitri Pelcrave, volontairement invisible, absente, pour laisser au texte toute sa puissance, marquera certainement un tournant dans la grande épopée de l'art dramatique. Les jeunes générations ne seront pas en reste. Yorick Gosselain traversera Shakespeare en proposant Songe d'une nuit d'été comme on ne l'a encore jamais vu puisque les acteurs dénudés de bout en bout (sauf Hyppolita pour une raison que l'on ne veut révéler) seront muets et le texte surtitré en russe pour respecter la révolutionnaire lecture de Constantin Adamov, toujours exilé au Canada depuis 2011. Enfin, afin de célébrer la richesse d'une humanité bâillonée par la montée des extrêmes droites en Europe, Ricardo Alvares interroge la place du spectateur en brisant le quatrième mur et en nous proposant avec la troupe de la Volksbühne un disruptif spectacle interactif joué tour à tour à Shangaï, Melbourne, Toronto, Berlin, Pretoria et Nuuk mais projeté, grâce à la magie de Periscope, dans vingt-quatre villes en même temps.
Pour finir, la danse sera à l'honneur avec une carte blanche donnée à l'immense chorégraphe Alberto Rivera dos Santos, retiré pour une vie d'ermite sur l'île de Madère, et dont nous sommes suspendus à la réponse qui ne devrait plus tarder, pour ce retour sur les plateaux tant attendu depuis 1982, date de son dernier spectacle injustement incompris par la critique et le public.
David Thomas, Un homme à sa fenêtre,
éd. Anne Carrière, 2019
La véracité de cet extrait est confondante. Ce David Thomas, cher Inconsolable, me semble plus que fréquentable. Merci d'avoir attiré notre attention sur cet auteur.
RépondreSupprimerJe profite de ce mot pour vous souhaiter plein de bonnes choses pour cette année qui vient, si cela est encore possible en cette époque fort agitée.
Cher Promeneur, souhaitons-nous plutôt bonne chance, comme disait Pierre Richard... Il va nous en falloir...
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