Tu viens dans la nuit, quand la bonne offre ses seins
et que le pommier est vide
et les étoiles détruisent mon nom,
Tu viens, quand le ruisseau cesse de porter le deuil et que ses paroles
gèlent dans ma fenêtre
et les moutons devant mes rires s'enfuient dans le coin de la bergerie,
Tu viens, quand le centre du monde
crache un courant de sang avec un gémissement,
Tu viens, quand le champ est nu et que les yeux des poissons brillent, verts,
Tu viens, quand personne ne vient, quand la bonne qui me donnait le sein
se cache de ma gloire,
quand elle fait scintiller ses cheveux dans la lumière
lunaire comme des millions d'années,
Tu viens, quand ils me battent, sans connaître ma prière,
que je dirai en commençant ainsi : « Je suis
poussé par l'obscurité... »
Tu viens toujours, quand je suis fatigué. Je te rembourse
ma vie avec l'angoisse,
qui se décompose sur ta pierre tombale insensée
au-dessus du grand mensonge de l'automne.
Thomas Bernhard, Sur la terre comme en enfer,
trad. Susanne Hommel, éd. La Différence
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