Au train-train où vont les choses, je sens que je vais bientôt tomber pour une affaire de moeurs vieille de 10 ans. Ou de mes 10 ans. Ou avant. Du temps que j'aimais jouer à l'instituteur avec la fille d'amis de mes parents pour lui administrer une paire de fessées déculottées devant la classe médusée et imaginaire.
Desabre. C'était le nom de ce prof d'histoire aux allures d'escrimeur nazi. De son poing ganté de cuir, il se plaisait à frapper la paume de sa main gauche, menaçant d'un sort semblable la gueule des cancres que nous étions. Certaines nuits, je rêve encore d'interros d'histoire non préparées et j'entends alors distinctement le bruit du cuir s'abattre de peu sur mon oreiller après une esquive parfaitement réussie. Mais je sais qu'un jour, il m'aura...
Mon type de femme : celle qui dit avoir peur de ne plus me plaire.
En lisant cet écrivain, un mot me vient à l'esprit : maestria. Les formules, les fulgurances, les effets fusent. Ça éclabouse, ça mitraille sec, comme on dit chez Séria. Alors, tel un presbyte, je recule le livre de quelques centimètres et y vois plus clair. Tant pis pour lui.
Je n'attends rien ni de vous ni de personne et le dire, c'est déjà trop.
- J'ai tout de même frôlé la mort à plusieurs reprises.
- Tu exagères. Comment peux-tu le savoir ?
- Enfant, je me suis fait renverser par une voiture, ai volé en l'air, retombant sur la tête, tu n'appelles pas ça frôler la mort ?
- Comment s'en est sorti la voiture ?
- Elle n'a rien eu. C'est moi qui ai tout pris.
- Je parle du chauffeur.
- C'était une femme. Elle s'est contenté de m'offrir un paquet de bonbons ou une boîte de chocolats, je ne sais plus.
- C'est tout ?! Tes parents n'ont pas porté plainte ?
- Non, mes parents ne faisaient jamais de vague, ils se sont écrasé comme à leur habitude.
- Un geste de solidarité en quelque sorte.
Il est des imbéciles comme des esprits brillants. J'ai beau être
averti, la fascination qu'ils me procurent ne manque jamais de me
surprendre.
Ce n'est pas trop tôt. Pour autant, est-ce trop tard ?
A peine avais-je découvert son nouvel appartement que nous nous attrapions sur son nouveau lit comme au mauvais vieux temps d'avant notre tumultueuse rupture. Tandis qu'elle passait dans la salle de bains, j'inspectai sa bibliothèque, y récupérai un livre qu'elle m'avait volé, le glissais discrètement dans mon sac. Sur la porte de la chambre, une carte postale à l'ancienne proclamait Le Mariage attendra. Je me rappelai soudain à quoi j'avais échappé, me rhabillai et me précipitai dans la rue.
Ils n'attendent que ça. Je serais certainement accepté parmi eux si je me pliais, comme tous les autres, à cette petite comédie de la lèche. Après tout, pourquoi pas ? Encore faudrait-il qu'ils aient le cul propre.
Chaque jour qui passe, l'avenir se rappelle à mon souvenir. Ne rêve pas, me dit-il, rien ne s'arrangera. Mais je le connais, et ne crois pas un mot de ce qu'il m'annonce régulièrement.
Que te faut-il de plus ? Tu es connecté en permanence avec tes amis, tes suiveurs, tes commentateurs. Nul besoin de prononcer le moindre mot, de sortir de chez toi. Tu pourrais passer ta vie devant ton écran à partager, aimer, échanger, acheter, bouffer, baiser. Oui, même déféquer.
Mon type de femme : celle qui ne me croit jamais.
Je vous en prie, faites comme chez moi.
J'ai hésité à signer la pétition. Elle était tentante, cette belle cause perdue. Et puis, j'ai regardé la liste des premiers signataires et trouvé quelques noms illustres. J'ai aussitôt refermé l'ordinateur en pensant Je ne peux pas leur faire ça.
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