mercredi 21 décembre 2016

Sujet orphelin


Des sources de radiocativité artificielle se perdent, se volent, sont abandonnées, sont recyclées un peu partout dans le monde.
Dans la région de Tchernobyl, des milliers d'habitations ont été pillées. Le butin a été revendu au marché noir. Près de la forêt rousse des milliers de tonnes de matériel contaminé ont été abandonnées dans 800 fosses. Aux abords de la centrale, le parc des véhicules abandonnés a également été pillé. Des milliers de camions, de chars, de grues, d'hélicoptères, qui faisaient vibrer les dosimètres à plus de 100 m de distance. Personne ne se soucie plus des bus imprégnés de radionucléides qui ont transporté les réfugiés hors de la zone interdite.
A Fukushima, les réfugiés paient les chimpara, des voyous, pour récupérer leurs biens et leurs véhicules contaminés et les sortir de la zone interdite. Le tarif est d'environ 300 euros.
Cette remise en circulation de matériaux radioactifs échappe à tout contrôle. Les aciéries indiennes peuvent très bien fondre de la féraille avec du matériel volé à Tchernobyl. Les tôles et les clous vendus sur le marché seront radioactifs. En avril 2001, une cargaison de métaux non ferreux radioactifs avait été saisie dans le port de Vladivostok (…)
En décembre 2013, deux individus volent dans une camionnette du matériel médical destiné à un centre de stockage de déchets radioactifs à Maquixco (Etat de Mexico). Ils l'ignorent et disparaissent dans la nature avec leur butin. Aussitôt le forfait découvert, un périmètre de sécurité est établi. On doit les retrouver au plus vite. Ils ont commis une erreur. Un des colis contenait du cobalt 60. Ils l'ont ouvert. Ils sont gravement contaminés et risquent de crever si on ne leur met pas rapidement le grappin dessus. Et ils essaiement de la radioactivité sur leur passage. Cet événement mettait l'accent sur un problème passé sous silence. D'importants stocks de matières radioactives sont laissés sans surveillance particulière dans des hôpitaux, des universités, des usines et divers sites. Un « sujet orphelin » a déploré le président de l'ASN en 2015 (…)
En 2009, parmi les divers incidents relevés en France, on a mentionné un colis de type A, à usage médical, contenant de l'iode 131, qui a été perdu lors d'un transfert par avion et un colis contenant une source de césium 137 qui a été volé dans un véhicule en stationnement. Dans ces deux cas, les colis ont définitivement disparu dans la nature et « les conséquences ne sont pas connues ».

En 2012, on a dénombré 17 cas de possession illégale et de tentatives de vente de matériel nucléaire, essentiellement de l'uranium, et 24 cas de vol et de perte. Mais ces chiffres ne représenteraient que 10% du trafic mondial.

Jean Songe, Ma Vie atomique, éd. Calmann-Lévy, 2016
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2 commentaires:

  1. Au début des années 80, je travaillais dans une petite société (genre "Start-up" d'aujourd'hui) de recherche et de fabrication d'appareillages divers hautement sophistiqués pour les grands groupes industriels français. Par exemple, sécuriser les propriétés du CEA, à cette époque des particuliers arrivaient à sortir de Saclay des barres hautement fissibles. Autre exemple, sécuriser les plateformes pétrolières de forage en mer; ces plateformes injectaient dans les sous-sols des déchets irradiés pour combler le pompage du pétrole.

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    1. Oui, on n'a pas idée, bien qu'on s'en doute un peu, de l'ampleur des dégats et des déchets partout traînant… Ce livre mériterait d'être cité in extenso tellement la situation est catastrophique… et le nombre de cancers et de maladies étranges croissant…

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