mercredi 14 décembre 2016

Sans façon

Mon cher Fabien, c'est gentil d'avoir pensé à moi pour toutes ces invitations qui m'ont l'air plus alléchantes les unes que les autres. J'envie parfois ma vie passée de journaliste quand j'étais invité à toutes les projections. J'y repense parfois avec un pincement à l'œil pour peu que je me souvienne de la violence de certains visionnages et l'embarras certainement trop visible lorsque j'en venais à croiser l'attachée de presse à la sortie de la salle. J'ai fait un effort, hein, et regardé attentivement les bandes-annonces de tous ces beaux films français que tu me proposes. Et comment dire ? Je pense que tu peux, sans problème, trouver quelqu'un d'autre – je suis sûr qu'il existe parmi tes ami(e)s quelques inconscient(e)s. Un conseil : n'inflige pas tout cela à la même personne. 
Je suis sûr que c'est intéressant, le nouveau film de Canet/Cotillard/Lellouche… Mais le seul fait d'aligner ces noms me fatigue. Le petit Guillaume se sent vieillir ? Il est moins sexy, moins rock'n'roll ? Pauvre garçon. C'est peut-être bon signe, après tout, un accès de lucidité sur la vacuité de son existence d'imposteur gâté, la promesse de la fin de ses dissertations de médiocre élève appliqué et narcissique singeant le cinoche américain trop cool... Si seulement…



Ton argument sur le cinéma d'auteur ne tient pas. Ou plus. Ce n'est pas Hélène Angel, je n'ai rien contre elle. Elle avait fait un docu intéressant sur les femmes de prisonniers, mais ce remake parisiano-Bolloré de L'Esquive, et ce titre appelant à la révolution du PS, je ne sais pas pourquoi, je ne le sens pas. Ces histoires d'enfants, il y a toujours trop de sucre, on en ressort les yeux collants. Ce cinéma-dossiers-de-l'écran pour voir la petite Forestier perdre la foi de l'enseignement, sauver un enfant, trouver l'amour avec Elbaz et conclure que la vie est belle mais injuste, entre nous, je préfère le laisser à d'autres et aller boire un coup avec toi dans le bar à bobos de ton choix. 
 


Quant au dernier, tu te trompes. Comme sa réalisatrice. Je ne suis pas de gauche et n'ai jamais été fasciné par le communisme. Ni par ses leaders. Et encore moins par les dramatiques de la SFP. Tiens, il se trouve que j'ai revu récemment Vincent, François, Paul et les autres. Le gros Gégé fait partie des autres. Tu te souviens ?, il joue un jeune ouvrier boxeur. Il a quelque chose de Gabin dans Le Jour se lève, une nervosité narcotique et timide en plus. Je préfère garder cette image-là de lui. Comme je préfère garder l'image de Fanny Ardant, non, même pas dans les films de Truffaut, simplement marchant silencieuse à deux pas de nous lors de cet enterrement au Père Lachaise… Ça me suffit pour mes vieux jours.



PS : J'ai entendu hier Assayas dire que le cinéma français se portait très bien. Et souhaiter en passant je ne sais plus quel prix pour sa petite amie… Quel déconneur, cet Olivier, vraiment !

3 commentaires:

  1. Je n'ai pas plus envie de cliquer sur les triangles de lecture de ces bandes annonces que d'ouvrir une boite de choucroute William-Saurin, alors aller voir ces produits de grande consommation ...
    Je partage votre tristesse et votre dégout.

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    1. Donc, cher Luc, je ne file pas vos coordonnées à l'ami Fabien ? (la projo du Canet est suivie d'un coquetèle…)

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    2. Tiens, je vais me boire un petit apéro avec ma chérie!

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